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« The Gathering » enchanté de Joanne Leighton

Australienne d’origine, Joanne Leighton reste attachée, même après de longues années en France et en Belgique, aux vastes espaces et aux paysages.

Parmi les preuves de cette vocation, il faut compter non seulement des pièces comme Songlines  ou 9000 pas, mais aussi son Cycle des veilleurs  qui se déploie à travers l’Europe depuis 2011 et place chaque soir et chaque matin une personne dans une cabane haut-perchée pour veiller sur le paysage, plus ou moins urbain. Et maintenant, une forêt.  Ou plus précisément, un « plateau-forêt », en forte résonance avec le nom de la compagnie, WLDN, qui renvoie à Walden ou La vie dans les bois, le roman d’Henri David Thoreau (1817-1862) qui décrit l’expérience spirituelle, philosophique et pratique d’une vie solitaire dans la forêt.


Images et magie
À certains moments de ce Rassemblement, une voix off envoie ses doux murmures. Ce sont des extraits de Walden, soutenant une ambiance bucolique et enchantée qui anime ce Gathering  imaginaire et utopique d’êtres réunis du fait d’appartenir à l’humanité, dans le désir de vivre ensemble, dans toute leur diversité, au cœur de cette forêt métaphorique. Leur manière de s’en réjouir passe  bien sûr par la danse,  mais pas seulement. Il y a le désir de forger un paysage, en manipulant branches d’arbres et cailloux, comme pour introduire au sein de la Nature un esprit de Culture, mais sans jamais heurter l’état naturel de la forêt.
On a pu voir, ailleurs, un plateau couvert d’arbres en forme réelle, du sol jusque dans les cintres, comme dans This is how you will disappear  de Gisèle Vienne. Mais ce n’était pas une pièce de danse au sens où on l’entend communément. Plutôt une pièce désenchantée où tout esprit de communauté est éteint. Dans The Gathering, il ne s’agit pas de disparaître, mais d’exister, chacun ayant fait le choix d’habiter cette forêt métaphorique dans le partage. La forêt envahit cet espace de vie depuis le mur de fond, sous forme de photos qui semblent, par un effet étourdissant, quasiment envahir l’espace. Aussi cette forêt-là possède la capacité à se transformer au fil des saisons photographiées. Alors, est-ce la forêt qui enchante la communauté ou l’inverse ?


Poétique et organique
Leur manière d’être ensemble sur leur clairière n’est pas vraiment un rituel, ni une fête, ni un jeu, ni leur vie au quotidien. Un peu de tout cela, sans doute. Et dans cet état intermédiaire naît une très soutenable légèreté à laquelle répond la musique de Peter Crosbie, entre tambours chamaniques et autres instruments traditionnels qui se mêlent aux sons électroniques. Dans leur naturel, qui est un état et non une attitude, les dix interprètes se fondent dans les ondes sylvestres ou aquatiques. Ils deviennent le vent, labourent le sol, construisent à partir des matériaux que la nature leur offre.


Dans leurs farandoles, cette tribu peut faire corps avec le vent pour finir comme suspendus, dans une sorte de transe. Et devenir l’eau ou la forêt, la terre ou le vent. Leur rite, aussi poétique qu’organique, nous offre une déclaration d’amour à la nature, accompagnée d’un subtil avertissement quant à sa fragilité. En avions-nous besoin ? Certes, non. Est-ce grave ? Non. The Gathering  n’a aucune vocation didactique, ne s’adresse pas aux instances rationnelles, mais aux énergies et convictions intimes, indispensables pour nourrir un engagement possédant la profondeur nécessaire pour tenir sur le long terme. C’est qui donne à cette ode à la nature toute son épaisseur et son organicité.

Thomas Hahn
Vu le 4 mars 2025, Le Grand R, La Roche-sur-Yon

En tournée :
Le 10 avril Grenoble, MC2 :
Le 14 juin Paris, festival June Events
Chorégraphie & direction : Joanne Leighton
Danse : Anthony Barreri, Stéphanie Bayle, Lauren Bolze, Hippolyte Desneux, Marie Fonte, Flore Khoury, Elisabeth Merle, Maureen Nass, Sabine Rivière, Antoine Roux-Briffaud
Collaboration artistique : Marie Fonte
Création Bande Sonore et Musique originale : Peter Crosbie
Création photographique et Vidéo : Flavie Trichet-Lespagnol
Costumes : Maïté Chantrel
Lumières et Scénographie : Romain de Lagarde
Réalisation scénographie : Pierre-Yves Loup-Forest, Gaston Arrouy

 

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