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Festival Playground : Joana Schweizer vs Bilaka

De l’hommage aux oiseaux à la tradition basque : Un parfum de carnaval(s) pour le jeune public de Seine Saint-Denis. 

Les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine Saint-Denis ne se limitent pas au festival bien connu des mois de mai et de juin. L’association dirigée par Frédérique Latu développe en effet plusieurs branches, dont un festival dédié au jeune public : Playground. C’est ainsi que les Anglais appellent leurs terrains de jeux destinés aux enfants, dans les jardins publics.

Et il est vrai qu’en matière de spectacles, on aime rassembler les enfants en cercle, tout près de l’aire de jeu. C’est ce qu’on a pu constater, en allant voir Un Oiseau de Joana Schweizer et Les petites mythologies du collectif basque Bilaka, propositions s’adressant respectivement, selon les feuilles de salle, à un public à partir de 6 ans et de 8 ans et flirtant avec deux univers carnavalesques quasiment antipodiques. 

D’un oiseau l’autre

La définition d’un bon spectacle pour le jeune public passe inévitablement par l’idée que celui-ci offrira assez d’entrées et de niveaux de lecture pour intéresser les spectateurs de tout âge. Et c’est le cas de Joana Schweizer dans son solo, qui s’adresse aux imaginaires les plus divers, joue de tous les codes de la danse contemporaine dans la plus grande simplicité et nous met en compagnie des oiseaux les plus divers. On y trouve es couleurs et sons du carnaval de Rio et donc de la forêt tropicale, l’épuisement de l’oiseau migrateur, des paons ou oiseaux de proie et tant d’autres créatures et aventures à imaginer. 

Un Oiseau, c’est tous les oiseaux, rassemblés dans une revue aux couleurs de danse contemporaine. On songe à Guintche de Marlene Monteiro Freitas quand Schweizer dévoile peu à peu la peinture bleue sur les paumes de ses mains et sur l’intérieur de ses bras : un oiseau bleu ! There’s a bluebird in my heart that wants to get out, écrit Charles Bukowski dans son poème Bluebird, et il est vrai que la couleur bleue est aussi symbole de mélancolie. Aussi on décèle dans Un Oiseau autant de notes de fado que de samba et même sans apparition de musiciens, ce solo qui se déroule dans un espace d’immersion sonore est autant à considérer comme un spectacle musical. Pauvres oiseaux, richesse du spectateur…

Euskal heritage

Si Les petites Mythologies de Bilaka sont annoncées pour un public à partir de huit ans, il serait dommage de les refuser aux plus jeunes.. En s’inspirant de contes, légendes et rites carnavalesques du Pays Basque, Mathieu Vivier (qui assume la direction artistique de ce quintette pour quatre danseurs et un musicien) et le collectif créent des images d'une grande simplicité, vont au contact des enfants, attendrissent ou effrayent légèrement.

Mais seul le premier tableau – un duo de personnages (et pas forcément d’interprètes) féminins – sait intéresser les adultes accompagnant le jeune public, par le trouble du dédoublement qui émane de la subtilité d’un face à face digne de grands portraits de clivages psychiques. Ensuite, on tombe dans le simplisme. Dommage, car même à huit ans, on sait saisir des narrations plus complexes. 

Galerie photo © Olivier Houeix / Stéphane Bellocq

Bilaka fait partie des compagnies essentielles du Pays Basque, est lié au Malandain Ballet Biarritz en tant qu’artistes compagnons et développe un langage fort intéressant où la tradition basque innerve la création actuelle. Mais ne pas tomber entre toutes les chaises en créant pour les enfants est tout sauf un jeu d’enfant. Et l’imaginaire basque a, lui aussi, vécu des jours plus fastes, notamment avec Bilaka. 

Thomas Hahn

Festival Playground 2023

Un Oiseau : le 22 novembre au Théâtre municipal Berthelot - Jean Guertin, Montreuil
Les petites mythologies : le 29 novembre, Le Point Fort, Aubervilliers

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