EXTRADANSE ouvre ses portes
Le Festival EXTRADANSE aura lieu du 19 mars au 4 avril. L’occasion de découvrir la jeune garde des chorégraphes européens. Joëlle Smadja, directrice du festival et de Pôle-Sud, CDCN nous en donne les grandes lignes.
Danser Canal Historique : Qu’est-ce qui a présidé à la programmation de ce festival EXTRADANSE ?
En fait, il vient d’un précédent temps fort, intitulé Nouvelles, un arrêt sur image sur l’actualité de la danse, qui tentait de présenter l’ensemble du paysage chorégraphique, dans un temps très rapide. J’ai eu envie de ralentir la cadence et de rassembler autour d’un thème, c’est devenu EXTRADANSE dont c’est la quatrième édition. Dans cette nouvelle formule, on a le temps de voir les pièces sans courir d’un lieu à l’autre. Et ce qui me tenait également à cœur était de montrer différentes visions d’un même sujet. L’an dernier, le thème était « la difficulté du monde » avec l’exil, la migration, la guerre, avec plusieurs artistes d’Afrique et du Moyen-Orient, pour que l’endroit d’où on parle soit la zone concernée.
Cette année, j’ai choisi une tout autre option, qui est la nouvelle génération européenne. Bien sûr, ils ne parlent pas du même endroit et n’ont pas les mêmes préoccupations mais leur parole est tout aussi importante politiquement. Leurs enjeux, tournent autour du capitalisme, du pouvoir, de l’écologie, des sujets qui traversent à peu près toutes les pièces mais avec un confort plus européen, donc avec plus d’humour et de décalage. C’est une nouvelle façon d’occuper les plateaux, et ce sont tous des artistes qui n’étaient jamais venus à Pôle-Sud, sauf Martin Schick. Cela permettra sans doute de continuer des fidélités. Car c’est ce que nous faisons depuis trente ans : nos artistes en résidences sont souvent ceux que nous avons repéré dans le festival. Là, je remets les compteurs à zéro.
DCH : Que signifie « Plus de temps » ?
Joëlle Smadja : Le Festival dure désormais trois semaines, et certains spectacles restent au moins 2 jours. Donc on peut tout voir tranquillement. On a rajouté des rencontres, des master classes pour pousser la réflexion ou la pratique, et accentué la circulation entre le différents théâtes. Nous nouons des coproductions avec d’autres structures.
DCH : Comment choisissez-vous les artistes d’Extradanse. ?
Joëlle Smadja : Je vois beaucoup de choses, et c’est une sorte de « cuisine interne ». Quels types d’énergie peuvent s’accorder ou au contraire, sont radicalement opposées. Cette année, la plupart des propositions sont joyeuses et engagées, portées par une forme de liberté, comme Igor et Moreno dans Idiot-Syncrasy. Pendant une heure ils ne font que sauter, et pourtant arrivent à poser des idées très fines. Barbara Matijević et Giuseppe Chico, sont un peu dans la même veine.
Avec un renouvellement d’images, et, au fond, pas grand chose, ils racontent tous les travers de notre société. Pere Faura, est un chorégraphe très généreux qui traite de sujets graves avec la dimension du show, des paillettes. Ann van den Broek, dans une pièce de groupe d’un nouveau genre inspirée par la lecture d’Introspection de Peter Handke, Accusations, est très théâtralisé, avec une présence de la musique, des images comme les flamands savent si bien le faire. D’une certaine façon, les chorégraphes européens présents pour cette édition symbolisent, d’une certaine façon, le marqueur de leur pays dans leur façon d’écrire la danse. La Catalogne de Pere Faura, Marco Ferreira da Silva a la verve et l’expressionnsime du Portugal, Arno Schuitemaker, la transe, que l’on retrouve dans des pays du nord de l’Europe, Jan Martens, est assez emblématique de sa génération et des scènes belges d’aujourd’hui.
DCH : Qu’est-ce que la danse peut apporter comme autre regard sur l’Europe ?
Joëlle Smadja : Je suis convaincue personnellement qu’on a besoin d’Europe et je suis assez inquiéte sur l’absence de mobilisation pour les élections européennes, alors qu’il est indispensable de trouver des points d’accord, même si c’est compliqué à 27. Mais l’écologie, la circulation de population, les migrations, sont des sujets forcément transnationaux. Je crois qu’il faut montrer la diversité de l’Europe, son inventivité, sa créativité, faire connaître les artistes de différents pays. Il faut dire que la danse est depuis très longtemps précurseuse d’un melting pot européen. Voilà très longtemps que les compagnies circulent à l’échelle européenne, que les danseurs de ces mêmes compagnies sont européens sans aucune distinction de nationalité. À Strasbourg nous sommes bien placés L’Europe est présente ici. Dèjà par nature, car nous sommes une région transfrontalière. Avec la Belgique, l’Allemagne, et La Suisse, nous avons déjà fondé un réseau, c’est une réalité. Et puis, j’ai découvert pas mal d’artistes grâce au réseau Aerowaves.
Propos recueillis par Agnès Izrine
EXTRADANSE du 19 mars au 4 avril 2019
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