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Entretien avec Catherine Berbessou

Catherine Berbessou vient de créer Tu, el Cielo y tu pour la Biennale du Val-de-Marne, nous l’avons rencontrée.

DCH : Pouvez-vous nous parler de cette création pour la. Biennale de la danse du Val-de-Marne ?
Catherine Berbessou : Elle s’appelle Tu, el cielo y tu, c’est le titre d’un magnifique tango argentin de Carlos di Sarli. C’est une création pour 10 danseurs. Je voulais travailler sur l’idée du cœur dans tous ces états. L’organe, avec la pulsation, le rythme qui décide de la vie ou de la mort, le cœur au sens du groupe, la masse, comme une sorte de poumon collectif, et enfin le cœur sentimental, l’amour, constructeur et dévastateur. Car au fond, on peut aborder ce sujet avec légèreté et allégresse ou férocité et cruauté, car les rapports humains peuvent être de cet ordre.

DCH : Le sentimental n’est-il pas difficile à traiter sans tomber dans le cliché ?
Catherine Berbessou :
Le sentiment amoureux peut prendre une infinité de nuances. Je voulais traiter une sorte d’avalanche de sentiments : la tendresse, l’humiliation, l’abandon, la sensualité de l’attachement, le désir irrésistible et la peur de la perte, le déchirement. Mais je veux que ce soit le corps et lui seul qui racontent ses états intérieurs. Ce qui, au fond, est toujours le cas, les sentiments se répercutent dans le champ physique, influent sur l’expression corporelle.

DCH : Quelle est vore démarche chorégraphique ?
Catherine Berbessou :
Ma particularité, évidemment, c’est de mélanger un langage chorégraphique contemporain avec le tango argentin. Ce dernier convient formidablement bien à mon projet car c’est une danse de connexion, du relationnel qui nécessite le guidage, l’écoute, et la réponse à la proposition du partenaire. Ce serait donc dommage de ne pas en profiter. Et puis, c’est une danse que j’adore, même si je la détourne parfois.

DCH : Vous chorégraphiez pour dix danseurs, comment les avez-vous choisis ?
Catherine Berbessou :
J’éprouvais la nécessité de chorégraphier pour un grand groupe, notamment pour la partie « cœur collectif », histoire aussi d’utiliser une sorte de contrepoint à la danse de couple.
Je connaissais certains d’entre eux, d’autres nous suivaient dans les cours de tango, et enfin, un certain nombres viennent d’univers différents de chez Montalvo, de chez Thierrée, ou même du cirque Archaos. Bref, une grande diversité et c’est ce que je souhaitais. Ils peuvent transmettre une gamme étendue d’affects parce qu’ils ont ces expériences diverses.

DCH : J’imagine qu’il y a cinq couples ?
Catherine Berbessou : Non, il n’y a pas de parité, mais c’est un hasard. Lors de l’audition ça s’est fait comme ça. J’ai choisi en fonction des personnalités. Mais du coup c’est une contrainte, un déséquilibre intéressant, un petit truc bancal qui apporte autre chose.
Je suis très contente de l’équipe réunie, qui ont des personnalités très différentes. Ce qui prend un sens intéressant et m’amène à avoir des éléments auxquels je ne m’attendais pas, au niveau du tempérament, ou de la gestuelle, à travers, notamment les improvisations. Dans ce projet sur l’amour qui peut être complexe, j’ai envie qu’ils déboulent ces sujets là. L’idée d’avalanche de sentiments me plaît assez. Comme dans la rue, des situations qui interpellent, des rencontres qui peuvent être douces ou pas.

DCH : Avez-vous défini une scénographie particulière ?
Catherine Berbessou : La scénographie exprime un lieu indéfini qui ménage des allers-retours entre intérieur et extérieur. Pour l’instant je travaille avec des barrières en métal, de celles qui hantent notre quotidien actuellement.  Pour moi elles représentent une limite par rapport à l’espace et aux autres. Elles séparent, annulent tout contact.

DCH : Vous avez eu une longue période d’arrêt. Qu’est-ce qui vous a poussée à reprendre ?
Catherine Berbessou : J’avais arrêté la création depuis 13 ans. Et puis Kader Belarbi m’a demandé de venir reprendre Valser pour le Capitole de Toulouse en 2014. À la fois j’avais envie de reprendre la chorégraphie, sans en être tout à fait sûre. Grâce à Kader, j’ai remis le pied à l’étrier, et dans le studio, on retrouve les énergies, le désir. Du coup, j’en ai profité et j’en suis très contente, malgré les soucis et les angoisses inhérentes à ce métier.

 Propos recueillis par Agnès Izrine

9 mars à Maisons-Alfort. Les Théâtres de Maisons-Alfort

7 avril, Le théâtre, Scène nationale de Mâcon

25 avril Théâtre Jean Arp de Clamart

 

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