Création de « Facéties » : Entretien avec Christian et François Ben Aïm
Au Théâtre-Scène Nationale de Mâcon devrait se dérouler le 12 janvier la première de Facéties, chorégraphié par les frères Ben Aïm, suivie d'une longue tournée dont les 25 et 26 janvier au Festival Faits d’Hiver.
Ils racontent avec passion l’angle de cette pièce basée sur le burlesque, l’absurde et l’espièglerie.
Danser Canal Historique : Pour la première fois vous signez une pièce comique. Est-ce une réaction aux confinements et à la crise sanitaire ?
François Ben Aïm : Non, l’idée est antérieure au premier confinement, mais cette terrible situation a renforcé notre désir de creuser le thème de l’absurde dans sa dimension comique. Cela était déjà apparu par petites touches dans nos précédentes pièces, et là, nous avions l’ambition de nous plonger au cœur du projet et ainsi, de redéfinir notre langage.
DCH : Quelles furent vos sources d’inspiration ?
François Ben Aïm : Les films muets dont on a transféré des principes d’écriture et de constructions rythmiques et musicales qui produisent de la fantaisie, de l’inattendu et de l’imprévu. Keaton, Chaplin… sont des acteurs physiques dont la confrontation à un environnement les amène à être inventifs. Ils se dévoilent dans leur singularité de curiosité, de naïveté, de dérision de disponibilité et d’ouverture à l’autre.
DCH : Comment avez-vous choisi les six danseurs ?
François Ben Aïm : Nous recherchions des interprètes qui ont cette qualité physique de transformation et de distance face à soi-même afin que le mouvement trouve un chemin désincarné pour créer cette dualité.
Christian Ben Aïm : Alors que les danseurs possèdent une base très solide et relativement formatée, on leur a demandé de désapprendre, d’enlever les couches et une fois qu’ils ont évacué les craintes et le risque inconscient de se demander comment ils allaient paraitre, un immense chemin s’est ouvert à eux. C’est dans la dérision, leur qualité de transformation et cette formidable liberté que ce moment jubilatoire va s’exprimer.
DCH : Il est bien connu qu’il est plus difficile de faire rire que de faire pleurer. Comment avez-vous construit cette création sur l’absurde ?
François Ben Aïm : Ça demande une très grande justesse au niveau du rythme donc de l’écriture chorégraphique. Nous avons une exigence qui est parfois à contre courant et c’est passionnant à mettre en jeu parce que les registres sont vastes entre le burlesque, le grotesque, l’ironie et tout ce qu’on peut induire dans la perception du spectateur. Ainsi, la dramaturgie de la pièce passe par des rires d’adhésion, de moquerie, du glissement d’un sentiment à un autre.
Christian Ben Aïm : Le tragi-comique immpose une énorme exigence du plateau et c’est passionnant de creuser ce travail.
DCH : Quels sont vos choix musicaux ?
François Ben Aïm : La danse macabre de Camille Saint-Saëns est le pivot de Facéties. Et nous avons fait appel à un compositeur contemporain, Nicolas Deutsch, qui crée de manière subtile des univers qui sont à la fois discrets, étranges ou bancals.
DCH : Qu’avez-vous découvert en abordant ce thème ?
Christian Ben Aïm : Que la scène doit avoir l’objectif de la transformation et de la métamorphose afin de d’inventer de nouveaux personnages. Accidents, surprises et détournements provoquent de multiples réactions inattendues et d’innombrables figures de style.
François Ben Aïm : Qu’il questionne l’humain, la normalité et une uniformisation qui nous enveloppe à notre insu. C’est aussi le sentiment d’une communauté qui se construit et dont l’enrichissement émerge par le biais des différences de chacun. Tout cela laisse libre cours à l’espièglerie et à une joie fantasque.
Propos recueillis par Sophie Lesort
Facéties
Chorégraphie : Christian et François Ben Aïm
Interprétation : Christian Ben Aïm, Johan Bichot, Chiara Corbetta, Thibaut Eiferman, Marie Lévénez, Emilio Urbina
Collaboration dramaturgique : Véronique Sternberg
Composition musicale : Nicolas Deutsch
Scénographie : Camille Duchemin
Création lumière : Laurent Patissier
Costumes : Maud Heintz
Création 12 janvier 2021, Le Théâtre, Scène nationale de Mâcon
En tournée
15 janvier, Théâtre de Beaune
19 janvier, Théâtre de Guyancourt
25-26 janvier, Théâtre de Châtillon dans le cadre du Festival Faits d’hiver, Micadanses
2 février, Théâtre Chevilly–Larue André Malraux
4 février, Centre des bords de Marne, Le Perreux-sur-Marne
9 février, Escher Theater (Luxembourg)
12 février, Le Trident, Scène nationale de Cherbourg
7 mars, Théâtre des Bergeries à Noisy-le-sec
18 novembre, L’Odyssée, Scène conventionnée de Périgueux
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