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AC/DC duo pour Jules et Stéphane

Un spectacle sensible, drôle et bien mené à découvrir les 16 et 17 janvier dans le cadre du Festival Trajectoires à Nantes.

AC/DC duo pour Jules et Stéphane, est l’histoire d’une rencontre qui s’est produite dans le cadre du projet Saisir au Passage et ses constellations (suite) porté par la Compagnie Pasarela, d’Agathe Pfauwadel, lors d’une résidence partagée entre deux groupes de danseurs d’un IME de Château-Thierry et d’un IMPro de Saint-Denis (voir notre reportage vidéo exclusif). Agathe Pfauwadel cosigne d’ailleurs cette création avec Aëla Labbé.

Mais c’est surtout la rencontre entre deux danseurs formidables, Jules Lebel et Stéphane Imbert, le premier étant un tout jeune danseur de 20 ans, à l’IME (Institut Médico Educatif) – APEI[1] des 2 Vallées de Château-Thierry et Stéphane Imbert, artiste chorégraphique depuis 40 ans, qui a travaillé notamment pour Odile Duboc.

Tout commence par l’amour de Jules pour son groupe favori AC/DC (un groupe hard rock des années 70) qu’il porte comme un étendard sur des T-Shirts qu’il enlève successivement, révélant, à chaque fois, des graphismes différents comme autant de concerts traversés. À la fois drôle et bien mené, Jules Lebel commence à déployer son univers, en des poses espiègles à chaque fois qu’il dévoile un autre vêtement ! Mais bientôt, les travaux d’approche entre les deux interprètes débutent. Et il s’agit bien de travaux, puisque les deux vont s’atteler à construire une sorte de cabane délicate avec quelques bouts de bambou – ou de roseaux dansants – et d’approche, car ils semblent se flairer l’un l’autre avant de pouvoir vraiment se toucher et s’attraper. Ce qui frappe, c’est la délicatesse des gestes de l’un envers l’autre, cherchant, en quelque sorte, à apprivoiser l’autre corps, à l’aborder sans le brusquer. Mais le plus intéressant reste ces deux gestuelles qui s’entrelacent.

Celle de Stéphane Imbert, danseur aguerri aux mouvements fluides, composée d’écritures connues ; celle de Jules Lebel, à la singularité radicale, surprenante, aux accents inattendus, aux phrasés AC/DC avec Stéphane Imbert et Jules Lebel © Accentuation Binsolites, mélange de heurts et d’abandon, de surprise et de volonté énergique, de timidités et d’audaces, de flux et de saccades qui nous étonne et nous émeut. D’une certaine façon, tout est nouveau dans cette chorégraphie duelle, qui joue également sur l’autre sens d’ac/dc pour courant alternatif/ courant continu, car il semblerait que c’est ainsi que se déploient les deux hommes, finissant par tisser une relation peut-être filiale, peut-être d’entraide, sûrement d’échange et de compagnonnage, car chacun, finalement, absorbe une partie de la danse de l’autre, finissant par s’emprunter leurs écritures respectives et par se porter mutuellement au double sens du terme ! Le résultat est superbe et surtout d’une rare originalité. Il se dégage de ces deux danseurs une sorte de beauté inexprimable qui fait tout le sel de ce spectacle fascinant, d’une authenticité rare.

Agnès Izrine

A voir les 16 et 17 janvier à 20h au TU-Nantes dans le cadre du Festival Trajectoires

Vu le 28 septembre 2024, festival C’est comme ça de l’Échangeur – CDCN des Hauts de France à Château-Thierry.

[1] Association de parents, d’amis et de personnes en situation de handicap.

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