17e édition de June Events !
Dernier festival de la saison parisienne, ou premier de l'été, le festival June Events organisé par le CDCN-Atelier de Paris, se déroule sur le site de la Cartoucherie de Vincennes où il peut profiter, outre des locaux du CDCN, d'un environnement favorable, c'est-à-dire le site lui-même, à savoir le Bois de Vincennes.
Cet emplacement très singulier présente l'inconvénient de ses avantages : il est isolé et y accéder peut retenir le public. Dans cette période marquée par cette forte versatilité de fréquentation qui marque toutes les manifestations, le festival pour sa 17e édition (30 Mai -17 juin 2023) insiste sur les thèmes qui font son identité : la relation à la musique live, la conscience d'une histoire et la nature. Ces trois directions correspondent à trois manières d’itinéraires dans la programmation.
« Le festival est un temps concentré pour lequel la difficulté mais aussi l'objectif est de faire venir et revenir le public » reconnaît Anne Sauvage, la directrice du CDCN qui est aussi directrice artistique de la manifestation. « Ce sont des choix que je relie à cette situation de post-épidémie, reprend-elle,la période nous a permis de confirmer notre identité et en particulier ces spectacles liés à l’environnement du bois de Vincennes. L'année dernière nous avions multiplié des propositions qui se déclinaient dans des formes en plateau et en extérieur. Cette année nous continuons ».
La chorégraphe franco-portugaise (et passionnée par le Brésil) Joana Schweizer illustre bien cette exigence. Elle propose, dans des lieux ouverts comme la Mairie du XIIe (le bois de Vincennes dépend de cet arrondissement qui, de ce fait est le plus étendu de Paris) ou la place de l'église de Vincennes, sa performance Carnavole (2 et 3 juin ; mais le 15 juin, sa pièce pour cinq interprètes Des Oiseauxest sur le plateau de l'Atelier de Paris). Or, la matière des performances, inspirées des danses nuptiales d'oiseaux de paradis, a été élaborée à l'occasion de la création de la pièce de cette artiste passionnée par le monde aviaire.
Cet axe fort de la programmation de June Events rapproche la manifestation de celles qu'organisent d'autres CDCN très portés, mais souvent pour des raisons un peu contraintes, vers des propositions in situ, comme Dijon, Falaise ou Uzès. « Mais ce sont des contacts directs et amicaux, prévient Anne Sauvage, je défends depuis longtemps les spectacles en salles.» Cette sensibilité permet de se retrouver autour de chorégraphes singulières comme Flora Detraz.
Cette dernière, pour sa prochaine création, travaille sur la matière de la forêt. Elle propose donc, Autour d'Hurlula(15 juin) une « soirée de célébration, […]un parcours incantatoire dans le bois de Vincennes, in situ et unique, sous la forme d'une procession nocturne ponctuée de différents objets : installation vidéo, concert, dits et, pensés comme des déclinaisons autour du thème du cri. »
Cette singularité du lien au lieu n'empêche pas les propositions avec du monde sur scène et de l'élaboration au plateau. On retrouvera donc (30 mai) THIS IS NOT (an act of love & résistance)d'Aina Alegre, pièce pour neuf femmes (4 musiciennes, 5 danseuses) autour de la notion d'air qui a fait forte impression lors de sa présentation durant la récente Biennale du Val-de-Marne (lire notre critique)
Mais cette attention à la grande forme se retrouve aussi dans la soirée de Focus (10 juin) consacrée à La Manufacture de Lausanne. Les onze jeunes danseurs de cette institution pédagogique – elle s'apparente de loin à un genre de CNDC théâtre et danse intégré dans une structure – proposent deux pièces, Les Noces de Salva Sanchis et Pièce d'ensemble d'Alma Söderberg, chorégraphe très portée sur le rapport danse et voix.
Manière de rappeler d'une part la fidélité du festival qui a toujours fait confiance à de très jeunes artistes à découvrir (cette année, Habib Ben Tanfous par exemple, le 30 mai) et l'accompagnement dont ils sont l'objet – Aina Alegre a déjà été coproduite quatre fois, soit bien avant de devenir directrice de CCN en 2022 – et la collaboration avec des institutions, ici le Centre Wallonie Bruxelles (pour Habib Ben Tanfous ou le tout aussi jeune Nemo Camus) ou la Manufacture de Lausanne et le Centre Culturel Suisse. « C'est vrai qu'il faut redoubler d'efforts pour convaincre, mais June Events vient clore la saison et ce travail de conviction nous le menons toute l'année. Le festival conclut cette relation de confiance que nous établissons avec le public qui sait que ces artistes très jeunes que nous leur présentons, obtiendront une forte visibilité par la suite » explique encore Anne Sauvage.
Le public de June Events sait aussi qu'il retrouvera, parce que c'est l'un des axes privilégiés de la manifestation, de la musique au plateau. Sur la grosse vingtaine de soirées, sept invitent des musiciens sur scène. Et parmi ces rencontres, l'une des plus notables est celle que propose Rhodnie Désir (Bow't Trail Rétrospek, le 6 juin). La chorégraphe québécoise, distinguée par un Grand prix 2020 de la danse de Montréal et jamais présentée auparavant en Europe, explore ses origines caribéennes accompagnée des deux musiciens virtuoses Engone Endong et Jahsun.
Enfin, et parce qu'il porte une part de l'histoire de ces quarante dernières années chorégraphiques mais surtout parce qu'il possède un art confondant pour faire naître l'émotion avec deux bouts de trois fois rien, ne pas manquer le Play 612de Daniel Larrieu le 17 juin.
Et après, on pourra danser sous les arbres…
Philippe Verrièle
Du 30 mai au 17 juin 2023
Image de preview : Bow't Trail Rétrospek - Rhodnie Désir © Kevin Calixte
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