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Dairakudakan à Paris

Événement exceptionnel à Paris, la Maison de la Culture du Japon reçoit la célèbre compagnie de butô Dairakudakan, dirigée par Akaji Maro. du 14 au 30 novembre 2013.

Depuis 1972, la compagnie Dairakudakan a largement contribué à la renommée internationale du butô avec ses créations baroques et spectaculaires où le grotesque côtoie le sublime.

Après avoir présenté Virus et Crazy Camel au Festival Montpellier Danse, Dairakudakan revient avec deux nouvelles pièces à la MCJP : Oublie tout, et souviens-toi et Symphonie M.
Oublie tout, et souviens-toi est une pièce chorégraphiée par Takuya Muramatsu, un des plus anciens danseurs de la compagnie. Nous aurons également le plaisir de voir sur scène Maro Akaji, le leader charismatique de Dairakudakan, dans  Symphonie M. Une pièce qui nous permettra de savourer les solos de ce grand maître de 70 ans dansés sur la 5e symphonie de Mahler, entouré de danseurs qui formeront une sorte de chœur.

Oublie tout et souviens-toi est créé par Takuya Muramatsu sous la direction artistique d’Akaji Maro. Membre de Dairakudakan depuis 19 ans, Takuya Muramatsu joue un peu le rôle du « grand-frère » des danseurs masculins de la troupe. En 2009, il avait médusé le public de la MCJP avec Dobu, pièce crépusculaire à l’humour cruel. Oublie tout, et souviens-toi est sa toute dernière création. Comme pour sa précédente pièce, il en a confié l’interprétation aux danseurs masculins de la compagnie. Il nous fait entrer en lui et nous entraîne à l’intérieur de son cerveau tout en se demandant ce que sont la mémoire et la vie.

Du 14 au 16 novembre à 20h.

La seconde signée Akaji Maro. s’intitule Symphonie M. C’est une pièce extrêmement proche du solo. Il l’a conçue en s’inspirant du « Livre des morts tibétain ». Ce texte du bouddhisme tibétain décrit les états de conscience et les perceptions se succédant pendant la période qui s’étend de la mort à la renaissance. Il danse cet état post-mortem sur la Symphonie n° 5 de Mahler entouré de danseurs de sa compagnie, et nous laisse libre dans notre propre interprétation.

Du 21 au 23 et du 27 au 30 novembre à 20h.

Gagnez des places pour cet événement en vous rendant sur Facebook Dansercanalhistorique https://www.facebook.com/pages/Dansercanalhistorique/192750717572697

Dairakudakan, qui signifie « Le vaisseau du chameau » est l’une des premières compagnies à prendre la suite de Tatsumi Hijikata et Kazuo Ohno, pères fondateurs du butô.Les spectacles de Dairakudakan sont souvent qualifiés de «rabelaisiens ». Les excès en tous genres mènent ici la danse, et les contraires, loin de s’affronter, s’allient : le beau côtoie le laid, le rire éclate au coeur du monstrueux. Ils ont également un côté « brechtien » du fait de leur forte relation avec la théâtralité.

Origines du Butô

Danseurs, chorégraphes, formateurs Tatsumi Hijikata et Kazuo Ôno sont à l’origine d’une lignée d’artistes se réclamant du butô mais très singuliers, chacun d’entre eux s’inspirant de tel ou tel aspect du butô. Car cette « danse des ténèbres » selon l’expression consacrée se nourrit de chaque individu, de sa gestuelle personnelle, de sa quête existentielle. Les exercices de butô n’imposent nul modèle reproductible, nulle technique particulière, mais incite les danseurs à fouiller leur imaginaire, à renforcer leur endurance, à intensifier leur énergie. Le danseur de butô ne fait rien, il est. Plus qu’un enseignement, c’est une initiation sur le mode maître disciple, souvent violente, éduquant le corps à la dure (jeûne, immersion dans l’eau glacée, stations pénibles immobiles…) pour effacer l’Ego. Il s’agit tout autant de modifier sa perception interne du corps que son rapport au cosmos ou à la société. Rien de tout cela ne permettant de transmettre un académisme ou une école particulière, seuls subsistent quelques signes communs : pieds en dedans, yeux révulsés, corps nus blanchis, crânes rasés, postures fœtales, rythme alenti En allant à l’encontre de la recherche d’esthétisme comme finalité, il répond au souhait de montrer la fragilité et la complexité de l’être, de briser les tabous et de se frotter à la mort, à la laideur, au grotesque ou encore d’affronter les peurs originelles. Cette danse valorise la spontanéité ou la liberté de mouvements, cherchant ainsi à désaliéner le corps socialement conditionné.

Le butô aujourd’hui

Ainsi, de la première troupe d’hommes d’Hijikata, outre Kazuo Ôno qui poursuivra sa création jusque dans les années 1990, notons Mitsutaka Ishii, Yoko Ashikawa ou Akira Kasai qui fonderont leur propres compagnies.

Akaji Maro, acteur et danseur, metteur en scène, chorégraphe et scénographe, légende du théâtre underground qui étudia et collabora épisodiquement avec Tatsumi Hijikata créera en 1972 le Dairakudakan, une compagnie de vingt-quatre danseurs qui sera une sorte de vivier pour la danse butô. C’est en effet dans cette troupe que démarrent Ushio Amagatsu qui formera les Sankai Juku, Ko Murobushi et Carlotta Ikeda  qui animeront respectivement les groupes Sebi et Ariadone, Bishop Yamada fondateur du Hoppô butô Ha, pour les plus connus.

Son allure de yakuza, sa maîtrise du corps et son sens de l’autodérision ont séduit de grands réalisateurs de films : Seijun Suzuki (Mélodie tzigane), Takeshi Kitano (L’été de Kikujirô), Shion Sono (Room), Quentin Tarantino (Kill Bill)… Depuis sa première apparition au cinéma en 1968, sa filmographie dépasse largement 70 œuvres.

Pour sa pièce Virus, créée dans le cadre du 40e anniversaire de la compagnie, Akaji Maro a collaboré avec le compositeur phare de la techno-minimaliste américaine, Jeff Mills.

Pour Akaji Maro, Dairakudakan repose sur trois piliers : « la collecte des gestes du quotidien », « le corps matrice », « le corps espace ».

La « collecte des gestes du quotidien » est basée sur l’idée que derrière nos actions de tous les jours, il existe une gestuelle sans nom, et que de ces mouvements peut naître une danse.

La « matrice » désigne la forme. Au moment où, par exemple, on fait déborder de l’eau, notre corps se crispe. L’idée de « corps matrice » est que les « formes » que prend le corps dans une danse proviennent de tels gestes quotidiens où les mouvements se figent (comme s’ils étaient pris dans un moule). Les facteurs qui déterminent ces formes sont multiples : environnement, maladie, métier… mais les sentiments, les émotions ou les sensations peuvent aussi avoir une « forme » préalable.

Le « corps espace » est basé sur l’idée qu’il faut avoir conscience que les choses généralement considérées comme réelles sont en fait vides et que les espaces vides sont la réalité. Prenons par exemple l’action de lever la main droite. Selon le concept de « corps espace », on n’utilise pas sa volonté ou sa force pour lever son bras. C’est grâce à d’autres forces que le corps bouge. Ça peut être l’impression que c’est un fil attaché à sa main qui la tire vers le haut, ou que de l’air sous sa main gonfle et la soulève… Ce qui est important en danse, ce n’est pas d’avoir un corps bien entraîné, c’est d’avoir avant tout la conscience d’être un corps vide. La danse naît de ce processus « d’être bougé » en tant que résultat de diverses choses ressenties.

Lire aussi l’entretien avec Akaji Maro

http://dansercanalhistorique.com/2013/11/10/entretien-avec-akaji-maro/

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