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Suresnes Cités Danse 2015
Festival hip-hop hors norme et plus encore, le Festival Suresnes Cités Danse débutera le 16 janvier 2015 avec au programme 7 créations, 26 représentations et 14 chorégraphes invités pour 65 danseurs sur scène.
Pour cette édition, Olivier Meyer, son directeur, a concocté une programmation surprenante qui balaie tous les courants du hip-hop d’aujourd’hui depuis longtemps émancipé de ses codes obligés pour « devenir un langage chorégraphique à part entière ». C’est pourquoi, d’ailleurs, on ne verra plus dans cette 23e édition de collaborations entre chorégraphe contemporain et danseurs hip-hop. Exit donc le volet Cité danse variation, pour donner plus d’importance à Cité danse connexions, qui depuis 2007 est un pôle de production soutenant l’émergence hip-hop dans sa pluralité d’esthétiques. De plus, arrivée à l’âge de maturité, la danse hip-hop nous parle du monde d’aujourd’hui, relit les classiques à l’aune de notre époque, et s’attaque à tous les thèmes et les problèmes qui tissent notre quotidien.
On pourra donc voir une pièce de Sébastien Lefrançois qui n’a pas craint d’aller s’immerger dans le monde du travail – en l’occurrence l’usine PSA Peugeot-Citroën d’Aulnay-sous Bois, en plein combat social – pour aborder de la réalité sociale et humaine du monde tel qu’il va avec Petits morceaux du réel.
David Drouard a osé filer sur les traces de Nijinski pour s’emparer de l’Après-midi d’un Faune, ce monument chorégraphique qui fit entrer définitivement la danse dans la modernité pour la création d’un précédent solo. Cette fois, il s’intéresse aux Nymphes présentes dans la même œuvre pour créer (H)ubris, du nom de cette violence des hommes qui se prennent pour des dieux, et de s’attaquer au thème du genre et de la sexualité.
Quant à Mourad Merzouki, le voilà qui réinvente la scène traditionnelle en s’adjoignant un duo d’artistes experts en numérique Adrien Monnot et Claire Bardainne pour Pixel (lire ici
On remarquera également la forte présence des femmes dans cette édition, avec Mélanie Sulmona, Jann Gallois, Sandrine Lescourant, Sonia Duchesne et le grand retour de Laura Scozzi avec son Barbe-Neige et les sept petits cochons au bois dormant (Lire ici )
Si cette dernière réinvente les contes avec un humour corrosif, Mélanie Sulmona pose un regard à la fois tendre et touchant sur une femme atteinte de troubles d’Alzheimer, avec la clown Muriel Henry dans Petite danse contre l’oubli, tandis que Jann Galois, après s’être intéressée à la gravité dans sa dimension physique (lire ici), plonge cette fois dans une recherche sur la maladie mentale et les méandres de l’âme avec Diagnostic F20.9. Sandrine Lescourant parle d’amour et Sonia Duschesne tente le solo autobiographique et humoristique avec 1m76.
Photos : Dan Aucante
On pourra aussi y voir des hommes qui abordent des sujets existentiels périlleux, comme François Lamargot (Gardien du temps)...
Qui basculent de la sauvagerie au grotesque avec le Flagrant délit de Yann Lheureux ; qui se lancent dans un voyage identitaire fantasmatique qui baigne dans un clair-obscur comme Ce que le jour doit à la nuit d’Hervé Koubi...
Qui vont à contre courant comme Babacar Cissé « Bouba » et Guillaume Legras en cherchant la lenteur et la vulnérabilité (WolfS) ou qui mettent en scène le Bon, la Brute et le Sex-Symbol comme l’ancien boxeur américain Joe Orrach qui s’est initié aux claquettes avec Gregory Hines, et a dansé avec Savion Glover et les Nicholas Brothers avant de mener ses propres projets chorégraphiques tel que ce STReeT/FeaT très new yorkais.
Mais pour commencer, Suresnes Cités Danse ouvrira en beauté avec une pièce de Farid Berki – un habitué venu pour la première fois en 1995 en tant qu’interprète avant d’être très régulièrement invité comme chorégraphe - et qui a su, en vingt ans de chorégraphie, faire évoluer son hip-hop vers une véritable écriture singulière. Sa création, Fluxus Game, fait référence à l’esprit effronté et ludique du mouvement Fluxus, né dans les années 1960, qui s’adonnait aux collages les plus surprenants et dont le but était de supprimer la frontière entre l’art et la vie. Avec pour références le cinéma des années 70, la BD ou le dessin animé, Fluxus Game comme l’indique le titre, se veut aussi festive, colorée et légère que les jeux en tout genres.
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