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Vincent Dupont crée « I am here » au festival Next

À l’Espace Pasolini de Valenciennes, dans le cadre du festival Next, le chorégraphe Vincent Dupont s’empare avec I am here des gestes qui sauvent.

Il y a cette fin d’après-midi, à l’été 1976. Vincent Dupont, alors âgé de 11 ans, ne sait pas nager et s’ébroue dans le petit bassin de la piscine. En en sortant, il découvre dans le grand bain le corps inerte de sa mère qui flotte à la surface de l’eau. Un hurlement plus tard un maître-nageur accourt, lui fait dégorger le liquide avalé et la sauve.

Il y a ce petit matin, à l’été 2024. Une embarcation de fortune vacille dans les eaux de la Méditerranée centrale. On alerte, on s’équipe, on embarque dans des semi-rigides, on s’approche, on transmet les gilets, on empoigne, on sourit, on soigne quarante-deux rescapés.

Le dernier rituel

Distantes de quarante-huit années mais intemporelles et témoins de notre humanité, ces deux histoires qui ressemblent à tant d’autres ont si profondément marqué Vincent Dupont qu’il a éprouvé la nécessité d’en faire le sujet de son nouvel opus, I am here, crée dans le magnifique laboratoire artistique qu’est l’Espace Pasolini de Valencienne, dans le cadre du festival Next.

À partir de ces gestes qui visent à prendre soin et à sauver, toujours très précisément normés et chorégraphiés, tant et tant de fois répétés, il a inventé un rituel qu’il nous donne à voir sur scène. Un rituel comme « le dernier rituel, celui que l’on tente au dernier moment quand on a plus le choix, plus le temps ». Un rituel pour tâcher de préserver un corps, pour qu’il respire encore.
 

Des gestes techniques ou tendres mais des gestes qui sauvent

Deux hommes, assis, nous font face. Loin devant eux et plus près de nous prend place une table roulante. On y devine à peine les formes d’une silhouette dissimulée sous le scintillement d’une couverture de survie que recouvrent des branches de palmier. Après nous avoir longuement regardé sans bouger ils se mettent en branle, esquissent des gestes brefs, urgents, fragments qui s’évanouissent dans l’instant qui suit leur apparition, comme un patient entraînement ou une mémoire qui reviendrait par bribes.

Galerie photo © Marc Domage

Bientôt leurs mouvements prendront de l’ampleur et ils vont s’approcher de la table, découvrant une poupée de la taille d’un homme, inerte. Mains qui se lèvent dans un appel silencieux, massage cardiaque, bouche à bouche, caresse de l’air ou de l’aura entourant la créature. Ils vont enchaîner les gestes précis, prendre soin d’elle et d’eux, dans une concentration inquiète, parfois au bord de la suffocation, se lamentant ou respirant comme si l’eau avait envahi leurs propres poumons.

Puis l’un deux finira par s’allonger sur la table, chair contre chiffon, et la vie semblera renaître, enfin. « C'est l'histoire d'aujourd'hui et de demain. C'est l'histoire de ce tout premier geste qui fait tenir notre humanité tout entière », comme l’écrit si justement Vincent Dupont.

Delphine Baffour
Vu le 15 novembre à L’Espace Pasolini, laboratoire artistique de Valenciennes dans le cadre du festival Next.
A voir les 3 et 4 décembre aux SUBS- Lyon, en partenariat avec la Maison de la Danse dont Vincent Dupont est artiste associé.

Distribution
Avec : Sylvain Prunenec et Vincent Dupont

Conception : Vincent Dupont

Création musicale : Maxime Fabre
Création
umière : Yves Godin
Marionnette : Marie Lhomet

Scénographie : Vincent Dupont

Décor : Sylvain Giraudeau

Régie son : Maxime Fabre / Brice Kartmann

Régie lumière : Fanny Lacour

Travail vocal : Valérie Joly

Collaboration artistique : Myriam Lebreton

Remerciements à Sébastien Thiéry

 

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