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Festival de Danse de Cannes 2025

Pour sa 25e édition, le Festival de Danse de Cannes, dirigé par Didier Deschamps, devient annuel et affirme plus que jamais sa vocation : offrir un panorama vivant et exigeant de la création chorégraphique contemporaine. 24 compagnies venues de 8 pays se succèdent sur 14 scènes de la Côte d’Azur, avec 39 représentations, cinq créations mondiales, des spectacles pour tous les publics et une journée danse et cinéma : Movin’Cannes.

Sous la direction de Didier Deschamps, le Festival de danse de Cannes s’affirme comme l’un des grands rendez-vous chorégraphiques en France. À partir de cette édition, il devient annuel et propose une programmation pensée comme un parcours à travers les esthétiques et les géographies. Porté par une volonté de rayonnement international et d’ancrage territorial, le festival déploie une programmation dense et exigeante, accueillie sur les plateaux de Cannes et de sept villes partenaires. Le passage au rythme annuel de l’événement consolide cette dynamique collaborative et affirme la danse comme un art majeur sur la Côte d’Azur, tout en renforçant son identité et sa visibilité culturelle à l’international.

 

« Ce qui me frappe dans l’actualité chorégraphique, c’est la manière dont les artistes convoquent leur histoire, leur patrimoine, leur répertoire pour créer du neuf », souligne Didier Deschamps. Cette édition reflète pleinement cette intuition, en accueillant des œuvres qui réinventent les traditions, interrogent les formes et élargissent les champs de la danse contemporaine.

Parmi les créations les plus attendues, Rocío Molina revient avec Calentamiento. Figure majeure du flamenco contemporain, elle incarne une tension féconde « entre radicalité et enracinement, entre puissance physique et recherche intérieure », selon Deschamps. Créée en 2025, cette œuvre incandescente mêle tradition et audace dans une forme libre et transgressive. Fidèle à son rituel quotidien — danser sans relâche pour ne pas perdre l’élan — Molina convoque le duende, cette transe inspirée chère à Federico García Lorca, depuis la plante des pieds jusqu’à l’extase. Elle sera entourée de ses musiciens, dont José Manuel Ramos ‘El Oruco’, véritable orchestre à lui seul, et du chanteur Niño de Elche.

 

Autre événement : la première mondiale d’Hervé Koubi, artiste cannois, « peu diffusé en France, mais vraie star à l’international, notamment en Asie ! » souligne Deschamps, avec No Matter, pièce chorégraphiée pour dix danseuses sud-coréennes et les musiciens de Dear Deer. Autre première mondiale, ENSO-BOLÉRO de Mickaël Le Mer, qui rassemble dans la figure du cercle à la fois le « cypher » du breakdance et le souvenir du Boléro de Béjart dans le film Les Uns et les autres de Claude Lelouch. Création toujours avec Le Cannes Jeune Ballet qui collabore avec Eugénie Andrin pour On n’est pas toutes des Cendrillons, et avec Lorena Nogal, à la fois égérie de La Veronal, compagnie de Marcos Morau, et inventrice d’une technique très personnelle.

Elle propose également pour cette édition, cinq performances intitulées The Protagonist présentées en série de performances in situ notamment en résonance avec les œuvres de Jean-Michel Othoniel exposées à la Villa Domergue de Lorena Nogal,. « C’est une interprète absolument incroyable, d’une singularité que je n’ai pas encore vue ailleurs », note Didier Deschamps.Nous retrouvons par ailleurs Marcos Morau avec Afanador créé pour la Compañía Nacional de Danza d’Espagne. Cette œuvre puissante et cinématographique tout juste créée, inspirée par l’univers visuel du photographe Ruven Afanador, mêle flamenco, voguing et théâtre d’images dans une esthétique noire et fantasmée. Sans oublier ou encore le NDT2 qui vient avec des pièces de Botis Seva, Marcos Morau et Alexander Ekman.

 

D’autres ballets sont également à l’honneur avec le Junior Ballet de l’Opéra national de Paris, le CCN – Ballet de Lorraine avec un triple programme mêlant The Fugue de Twyla Tharp, Malone d’Ayelen Parolin et Works de Maud Le Pladec, ainsi que Le Ballet de l’Opéra Grand Avignon présentera United Dances of America, avec des chorégraphies de Réna Butler, Mike Tyus, Luca Renzi et Stephen Shropshire.

La scène internationale est largement représentée : Paulo Ribeiro avec Louis Lui, une création musicale en première mondiale avec l’Orchestre national de Cannes sur les partitions des compositeurs contemporains Louis Andriessen et Luís Tinoco. L’Italie est mise en lumière à travers Danza Prospettiva qui propose de découvrir de jeunes chorégraphes repérés par l’un des principaux concours italiens pour la danse contemporaine.

Enfin, Trailer Park du Tanzmainz, chorégraphié par Moritz Ostruschnjak puise dans les danses urbaines pour dépasser ses références, et proposer une écriture physique, ironique et saturée, où les corps deviennent des surfaces de projection sociale.

 

Le festival célèbre aussi les formes traditionnelles revisitées : Jonas & Lander réinventent le fado avec danseurs, chanteurs et musiciens ; Robyn Orlin met en scène les danses d’Afrique du Sud avec le Garage Dance Ensemble ; Club Guy & Roni, en collaboration avec des artistes aborigènes australiens, présentent Bad Nature, forme hybride mêlant danse, théâtre musical et installation ; Jonas & Lander revisitent le fado portugais dans une proposition iconoclaste mêlant chant, musique et danse.

La scène émergente est portée par Leïla Ka, dont Maldonne, première pièce devenue phénomène international, sera présentée à Mougins. Marion Muzac, avec Le Petit B, offre une merveille pour les tout-petits, où la danse devient un espace de douceur et d’éveil. Simone Rizzo explore la production sonore du corps dans Isicathulo, tandis qu’Anton Lachky et Eléonore Valère interrogent la place du corps dans la société avec noVLand.

La jeunesse et la formation sont au cœur du projet, avec des spectacles pour enfants (Le Roi et l’Oiseau d’Émilie Lalande), des représentations scolaires, des spectacles itinérants, des ateliers et des master-classes ouverts à tous les publics. Enfin, le festival accueille également MOV’IN Cannes, temps fort dédié au film de danse, dirigé par Éric Oberdorff. Pensée comme une compétition internationale, cette section réunit dix films sélectionnés par dix structures partenaires à travers le monde et attribue plusieurs prix, dont un Grand Prix assorti d’une résidence. Le jury 2025 réunit Marion Barbeau (présidente), Laure Cayla, Nancy Berthier, José Montalvo, Cynthia Odier et le poète et scénariste islandais Sjón. « C’est une manière de tisser des liens avec le monde du cinéma, qui est ici chez lui », conclut, non sans malice, Didier Deschamps.

« Cette édition incarne toute la vitalité de la création chorégraphique et l’énergie des artistes que nous accompagnons. Pour moi, c’est une chance et une responsabilité de pouvoir offrir au public un panorama aussi riche et inspirant. Je tiens à remercier la Ville de Cannes, le Palais des Festivals et nos partenaires : leur soutien rend possible cette grande fête de la danse, qui défend des valeurs de liberté et de tolérance, essentielles dans le monde d’aujourd’hui », affirme Didier Deschamps.

Agnès Izrine
Festival de Danse de Cannes, du 22 novembre au 7 décembre 2025.

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