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« Stans » d’Ana Pérez et José Sanchez

Un duo intime et magnétique incarnant une résistance silencieuse où la musique et la danse ne font plus qu’un.

Repérée depuis Répercussions [lire notre critique] Ana Pérez est une artiste qui va compter dans le monde du flamenco actuel. Fille du chorégraphe contemporain Patrick Servius et de Maria Pérez danseuse et professeur de flamenco, Ana Pérez chausse ses premiers zapatos à l’âge de 3 ans, à Marseille où elle se forme également au sein du groupe Grenade de Josette Baïz. Partie pendant huit ans à Séville, elle étudie auprès des plus grands maîtres tels que Pilar Ortega, Adela Campallo ou Andrés Marin. Cette formation entre tradition et chemins de traverse, va sans doute lui permettre de développer cette danse spécifique et hors des sentiers battus du flamenco traditionnel comme du flamenco contemporain tel qu’il est représenté par Israel Galván ou Rocío Molina.

Dans Stans, sa dernière création, elle partage le plateau avec José Sanchez et son théorbe, cet instrument baroque à double manches et 14 cordes de la famille des luths, à l’allure élégante. Ensemble, ils développent un véritable dialogue, un duo tout en résonances, entre le participe présent du verbe latin Stare (se tenir debout) donc Stans, et la musique tout en évocations des formes de Stabat Mater, (passé de ce même verbe et poème religieux médieval conviant la souffrance de Marie, debout face à la Crucifixion). Il est donc question ici de résistance à la douleur – physique ou psychique, mais aussi de dépassement de soi et d’élévation, des mots tout autant ancrés dans la danse que dans la foi.

Et pour commencer, Ana Pérez se tient debout et excède ses limites par de fulgurants allongements latéraux, suivie en cela par José Sanchez qui l’accompagne comme une ombre bienveillante. Mais peu à peu, elle élabore une danse très personnelle, qui se sert indéniablement de la technique du flamenco, mais pour créer autre chose que de la danse flamenca. Le pied délicat, elle sait retenir par les pointes ses taconeos pour les envoyer à toute vitesse tambouriner le sol avec une puissance insolite. Ses bras forment des volutes inconnues, d’une fluidité évanescente, fort loin des figures obligées ou imposées que le « baile flamenco » supposent. Et elle a beau exécuter voltes retournées et les routines de zapateados elle excède toujours la simple démonstration, ou l’inscription dans un corpus commun. Au fond, elle déborde sans cesse le cadre, tout comme José Sanchez, virtuose de guitare flamenca, en dépasse aussi les bornes avec son théorbe qui pioche dans un nouveau répertoire si proche et si lointain de toute antienne folklorique ou de musique en vogue de nos jours. Dans cette délicatesse des « passes », les frappes si musicales d’Ana Pérez, invitent un nouvel instrument à entrer dans la danse. Avec de très jolis effets chorégraphiques, Ana Pérez tient son propos avec brio.

Agnès Izrine

Vu le16 novembre 2024, L’Onde, Théâtre et centre d’Art de Vélizy-Villacoublay dans le cadre du festival Immersion Danse. 

En partenariat avec Danse Dense #lefestival

Distribution :

chorégraphie & interprétation Ana Pérez

composition, théorbe José Sanchez

création Lumières Arno Veyrat
son Lambert Sylvain

conseil dramaturgique Audrey Chazelle

regards extérieurs Angel Martinez-Hernandez, Vito Giotta

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