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PLEIN PHARE IN illumine le ciel du Havre !

Pour sa troisième édition, le festival PLEIN PHARE IN n’hésite pas à aligner une quarantaine de propositions entre le 19 novembre et le 5 décembre.

Un vrai feu d’artifice chorégraphique qui illumine la fin de l’automne. Artistes de tous horizons, ateliers de toutes sortes, projection ou DJ set, PLEIN PHARE IN se veut éclectique et fédérateur. Beaucoup de rencontres, donc, comme celle relatée dans THISISSPAIN d’Hillel Kogan, entre Mijal Nathan, une danseuse de flamenco israélienne et lui-même dans un duo mordant et coloré qui remet en question tous les attendus que peut véhiculer cette danse, en se jouant des clichés, des nationalismes et des fausses identités !

Et c’est toute la tonalité de cette édition festive avec des artistes venus d’ici et d’ailleurs, de toutes les générations et de toutes les obédiences chorégraphiques pour célébrer tout l’éventail de la danse d’aujourd’hui. Mais dans « étrangers » il y a le mot étrange, et quoi de plus radicalement autre que des fantômes ? Ou des créatures d’un autre ordre que le nôtre ? Pour Fiona Le Goff, dans Jusqu’à la nuit de il s’agit donc de spectres «  de ceux que j’appelle nos fantômes, nos failles, nos épreuves et nos deuils » auxquels elle propose une cérémonie pour les accueillir.

Charlène Pons dans Caprice, un univers dans lequel reposent des créateurs aussi bizarres que sombres, des « trucs qui ne ressemblent à rien, cachés dans le placard » : des monstres intérieurs, reliés à nos émotions, où le moche finit par se trouver séduisant dans le miroir ! Mais il y a aussi Bruce Chiefare qui dans BREAK invite danseurs et danseuses à cohabiter sur le plateau avec… une communauté de bonsaïs ! En ressort une écriture lente et économe, à rebours de ce que l’on peut attendre du break tout en affirmant une danse ancrée dans cette culture.

Et puisque nous en sommes au mélange du végétal et de l’humain, il faut parler de MIRARI d’Emmanuelle Vo-Dinh qui puise son inspiration dans la nature et les paysages aquatiques, sylvestres et le monde animal, nous offrant un moment de grâce ineffable. Ainsi que du très virtuose From IN du Xie Xin Dance Theater qui ouvre le festival dans lequel la souplesse féline des danseurs et danseuses rivalise avec la fluidité des costumes dont le mouvement sur la peau prolonge chaque geste et impulsion et dont la chorégraphie, en forme de flèche, rappelle l’idéogramme signifiant « humain ».

Mais, toutes ces questions débordent sur celle du corps dans tous ses états. Car ce rapport à soi et à l’autre est inscrit dans le(s) physique(s) des interprètes chorégraphiques. Qu’il soit celui de danseurs vieillissants, comme s’en amusent Dominique Boivin et Daniel Larrieu dans Tenues de scènes, Road Movie, ou intériorisé comme dans Empatheia de Jade Lada, qui pense que le reflet de l’autre est en chacun de nous. Le corps est tiraillé avec l’esprit de la danseuse Léa Deschaintres qui, dans Nos Abysses témoigne de la violence qu’elle lui a imposé afin de modeler son physique pour la performance, et finalement athlétique dans Marathon de Valentin Meriot, qui met le corps à l’épreuve pour un trip de 42,195 km ! Ce faisant, il s’amuse à questionner tout à la fois le performeur et sa limite corporelle, la danse et le sport, le rapport au temps et à l’épuisement. Et il ne faudrait pas oublier Ensemble, la création exceptionnelle d’Alice Davazoglou [lire notre critique].

Mais PLEIN PHARE IN voit double, et même triple en se démultipliant. Ainsi, il développe un temps fort autour des pièces… « phares » de Fouad Boussouf, chorégraphe-directeur de ce festival du PHARE – CCN du Havre Normandie. Notamment en investissant le MuMa (Musée d’Art Moderne André Malraux) avec Musée dansant # MuMa, sa création 2024, dans laquelle il a invité trois artistes (Charlène Pons, Valentin Meriot et Elie Tremblaye) à s’emparer du lieu, et en particulier de certaines œuvres de l’exposition De Géricault à Chirico. Mais on pourra voir ou revoir également la création de l’édition précédente, l’incandescent Fêu [lire notre critique], découvrir une étape de travail de °Up un duo danse violon pour ballon libre, ou Vïa, une pièce composée pour Le Ballet du Grand Théâtre de Genève aux couleurs éclatantes [lire notre critique].

PLEIN PHARE IN fait aussi la part belle au jeune public, avec des pièces qui lui sont spécialement destinées, comme Nuages de Malgven Gerbes et David Brandstatter, Dinosaure de Santiago Codon-Gras, Là-haut sur ma montagne de la compagnie En Attendant, et même Histoire(s) décoloniales # Mulunesh destiné plutôt aux ados, qui conjugue l’histoire au Krump. Façon de dire que la danse se décline de mille manières et que PLEIN PHARE IN fête la danse sous toutes ses formes.

Agnès Izrine

PLEIN PHARE IN du 19 novembre au 5 décembre 2024

Photo de couverture : Vïa de Fouad Boussouf © Gregory Batardon

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