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Playground ! Une troisième édition plus festive que jamais

Avec ce festival, les Rencontres chorégraphiques de Seint-Saint-Denis s’adressent au public jeune, aux ados et à leurs parents, avec un programme ludique, joyeux et foisonnant. Aperçu du programme, classé selon les âges...

Depuis 2022, les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis proposent Playground, son festival pour le jeune public. Une initiative qui inclut tout le monde au spectacle, car le jeune public est toujours accompagné d’adultes et la plupart des spectacles proposés sont destinés à être vus « en famille ». Mais les différentes propositions s’adressent tout de même à un large panel d’âge : cette année, une proposition est à voir dès un an, et d’autres s’adressent jusqu’aux adolescents. En somme, il n’y a rien de plus hétérogène qu’un festival dédié à l’enfance et à la jeunesse. Et en même temps, rien ne réunit tant d'âges aussi divers pour partager un même moment.

Un tel festival ne se limite pas à présenter du spectacle vivant. Ateliers, bals, rencontres et formations font partie d’un tout, conçu pour la troisième année par Frédérique Latu, directrice des Rencontres, qui a considérablement étoffé et diversifié ce carrefour chorégraphique. Et si Playground est certes ancré en Seine-Saint-Denis, il s’étend aussi en Essonne, dans les Hauts-de-Seine, en Val-de-Marne et à Paris, multipliant les représentations dans les écoles, collèges et lycées, où l’on cherche le dialogue avec les jeunes dans leurs territoires, là où se crée leur énergie collective.

Ouverture en "Super Samedi"

Playground se lance cette année à Aubervilliers entre le Théâtre de la Commune et le Conservatoire (CRR93). Cette première journée festive, intitulée « Super Samedi », offre spectacles, exposition, cinéma, ateliers, bal participatif et bien sûr, spectacles de danse et de théâtre. L’évènement s’inscrit en partage avec Pavillon jeune public – Super Super, une manifestation du Théâtre de la Commune. Voilà donc Olivier Letellier avec Mon petit cœur imbécile, un voyage entre théâtre et danse hip-hop autour d’une mère qui décide de participer à un marathon pour remporter la prime qui lui permettra de payer l’opération qui sauvera le cœur défaillant de son fils. Une pièce qui convoque l'émotion mais qui se concentre aussi sur la nécessité des services publics, en santé comme en culture. En conclusion dansante de la journée, Sophie Lenoir et Yaïr Barelli nous proposent leur Petit Bal Moderne, avec une cinquantaine de petits danseurs préparés en amont lors d’ateliers menés dans leurs classes, à Aubervilliers.

À commencer par les plus jeunes…

On ne l’attendait pas là, mais il est partout ! Amala Dianor crée Coquilles, un duo à voir à partir d’un an où se rencontrent une interprète issue du contemporain et un autre formé au sein de la culture hip-hop. Pour une première création jeune public, Dianor va au bout des choses en se confrontant aux plus petits spectateurs possibles ! Lorena Dozio s’adresse à la tranche suivante, à partir de quatre ans, en lançant aux petits cet appel : Traverse la forêt, monte l'échelle et touche le ciel. Qu’est ce qui est familier, qu’est ce qui est nouveau ? Comment rendre visible l’invisible ? Voilà les questions qu’elle pose et comme Dianor, elle signe sa première création pour enfants.

…puis à partir de six ans

Une majorité de spectacles s’adresse aux plus de six ans. Voilà donc Marc Lacourt pour sa Valse avec Wrondistilblegretralborilatausgavesosnoselchessou, où il amuse son public avec le bric-à-brac d’une histoire sens dessus-dessous, avec en trame de fond quelques memes de l’histoire de l’art, du fameux bleu d’Yves Klein à l’atelier mal rangé du surréaliste André Breton. À prolonger avec Clément Aubert qui range dans sa Maison-sorcière un impromptu hanté par des objets abandonnés et animés, autour de sonorités inspirées du Tsapiky, une musique malgache qui célèbre les morts.

Le duo Béaba de Valeria Giuga s’adresse aux enfants avec inventivité gestuelle et humour, poésie et sculptures, dans la première pièce pour enfants de la chorégraphe. Édouard Hue nous présente un conte dont la protagoniste se nomme, comme le spectacle, Yumé. L’histoire, inspirée de contes et films d’animation japonais, est celle d’une fille qui part à la recherche de son ombre et traverse divers mondes oniriques, au beau milieu des nuages ou d’un océan déchaîné. Quant à Marion Carriau, elle nous amène du côté de l’Inde avec ses réminiscences de Barata Natyam, dans Je suis tous les dieux, solo où elle explore son rapport au sacré dans un décor féérique et au son de ses propres pas remixés en musique électro.

Hélène Iratchet milite pour une alimentation plus responsable mais moelleuse, en racontant, par la danse et par le chant, l’histoire de Croquette, un chat de velours, et de sa maîtresse éprise de pâtisserie. À moins que ce ne soit le chat qui a la panse pleine de choux à la crème, fondants au chocolat et pavlovas aux fruits des bois. Soit… Mais il y a une suite, et elle est radiophonique ! La danseuse et chorégraphe Clémence Galliard consacre un épisode de son podcast Danse sur écoute à Croquette, où elle donne la parole au public, pour recueillir la parole de trois générations. La chorégraphe belge Lisbeth Gruwez et le compositeur Maarten Van Cauwenberghe réunissent dix enfants et une grande quantité de peinture dans WASCO!, où les actions spontanées des enfants façonnent la chorégraphie dans une invitation à la liberté, une performance d’action painting qui peut faire peur aux parents. Et si ça continue à la maison ? On sent chez Gruwez le plaisir de la subversion…

De sept à onze, voire plus

Le Hit-Hip Pop Classic Parade de David Rolland, ça marche à partir de sept ans.  Mais cette fête sur des musiques de tous genres – pop, rap, disco et même classique – semble adaptée à tous les âges. Sur chaque extrait musical, le public est invité à danser en suivant les mouvements, et est entraîné dans une grande valse des métiers de l’opéra. Une proposition des plus surprenantes, où se dessinent les liens entre les musiques populaires d’aujourd’hui et le classique.

C’est aux jeunes à partir de huit ans que le festival recommande de voir Danser ensemble d’Alice Davazoglou [lire notre article]. On avait découvert cette artiste qui assume sa trisomie dans le solo que Mickaël Phelippeau lui avait composé sur mesure. Depuis, tout le monde l’adore et elle fait ici danser une brochette de chorégraphes que tout le monde connaît : Gaëlle Bourges, Lou Cantor, Bruce Chiefare, Nathalie Hervé, Marc Lacourt, Bérénice Legrand, Xavier Lot, Béatrice Massin, Alban Richard et bien sûr Mickaël Phelippeau.

Quand Sylvie Balestra explore le passage à l’âge adulte, c’est pour les dix ans et plus, en écho à un travail mêlant arts vivants et arts plastiques qu’elle avait réalisé avec des adolescents. En écho à cette rencontre, la chorégraphe crée Rites de Passage, s’appuyant sur la gestuelle du dribble au football, un solo tel un rite initiatique, nourri d’une recherche anthropologique autour des jeux urbains et des danses rituelles. Un an de plus, et c’est bon pour Tamanegi d’Ikue Nakagawa, un solo accompagné de marionnettes à taille humaine. Le titre signifie oignon, dont les peaux deviennent ici les symboles des membres d’une famille qui se soutiennent mutuellement. La Japonaise a écrit ce spectacle fait de manipulation, de danse et de jeu, à partir de la maladie de son père.

Hors d’âge

Beaucoup de pièces s’adressent également, selon les indications officielles, à tous les âges. Voilà deux femmes chorégraphes issues des danses urbaines. Laura Defretin propose avec 1+1=1 un spectacle intime et authentique, présenté dans une librairie, au plus près du public, sur un tapis. Sandrine Lescourant propose une pièce interactive pour quatre danseuses, RAW (« brut » en anglais), livrant un portrait sensible de chacune, ouvrant son cœur et inventant sa danse.

Charlotte Imbault a réalisé un travail véritablement hors catégories : une rencontre chorégraphique autour de la danse, à travers le basketball ! Cette journaliste, critique de danse et chorégraphe propose avec Mot pour mot une installation sonore, chorégraphiant à partir d’une rencontre avec l’équipe féminine du club de basketball d’Aubervilliers les apparitions sonores de mouvements et un croisement des pratiques physiques et mentales des gestes du basket et de la danse. C’est autour du corps empêché que Sylvère Lamotte et le musicien multi-instrumentiste Stracho Temelkovsky ont axé leur recherche pour Tout ce fracas, pièce née d’une longue recherche en milieu hospitalier où trois danseuses porteuses de handicaps dévoilent leur vulnérabilité, par des géométries corporelles improbables. Deux artistes burkinabés, Sarah + Wantché, présentent Sirakan, également appelé Sur le chemin, parce que c’est bien de cela qu’il s’agit : cheminer entre les continents et au gré de la vie, encourager à rêver et rappeler que l’espoir existe.

Et pour terminer, Ambra Senatore ! La directrice du CCN de Nantes sera présente avec deux pièces. D’une part, Envol, projet réunissant une trentaine de jeunes de la Seine-Saint-Denis à Palerme. Ensuite, dans Partita, Senatore sera elle-même sur le plateau, en compagnie d’un musicien multi-instrumentiste. C’est définitivement pour tous les âges, et en entrée libre ! Pour toutes les propositions, les réservations se font sur le site internet des Rencontres chorégraphiques. Mieux vaut y aller vite.

Thomas Hahn
Playground, du 9 au 30 novembre 2024

Photo de preview : Wasco de Lisbeth Gruwez et Maarten van Cauwenbergh © Danny Willems

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