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« Binari » : Chant, danse et rituel à la coréenne
À Paris pour quelques représentations, avant de jouer dans le Off d’Avignon (ils ne feront pas grève), la compagnie coréenne MAC présente Binari, un spectacle haut en couleurs basé sur les éléments d’une cérémonie de passage vers la mort.
Dans une maison traditionnelle coréenne, la famille se réunit autour de la défunte mère qui refuse de rejoindre le royaume des morts. Pour apaiser son âme, un chamane exécute le rituel funéraire. Chants, danses et masques et costumes traditionnels donnent vie à une culture aux influences chamaniques et bouddhistes, très à l’aise avec l’idée d’un va-et-vient entre l’ici-bas et l’au-delà.
Galerie photo de Thomas Hahn
Mais Binari - Souvenirs de la mère n’est pas une cérémonie au sens strict. Jungnam Lee, directeur de la compagnie et metteur en scène avec plus de quatre-vingts réalisations à son actif, a ici combiné deux récits traditionnels pour un opéra avec danses de masques.
Aujourd’hui encore, les relations entre les vivants et les morts occupent une place centrale en Corée. Selon Lee, « en Occident comme en Orient, la mort est ressentie comme une séparation. Mais l’approche cérémoniale est différente. En Corée on garde le défunt à l’intérieur de la maison, puis on le met sur une charrette portée par toute la famille pendant la cérémonie. La mise en scène de Binari reprend cette cérémonie, non sans l’adapter à notre époque. »
Si le rituel chamanique appelé kut est bien présent, il y a surtout les humains qui le pratiquent, et ils sont ici très, très humains dans leurs envies et faiblesses, ce qui est toujours drôle à observer, quelle que soit le pays d’origine. Aussi, les masques du kut peuvent soudainement rappeler la commedia dell’arte ou le kyogen japonais, autre registre masqué et humoristique.
Galerie photo de Thomas Hahn
C’est dire le caractère universel des racines ! La différence, d’une civilisation à l’autre, est dans le degré de leur oubli. Et la Corée du Sud est justement en pleine transition, où la jeunesse ne se préoccupe plus du kut, mais de la K-pop.
Jungnam Lee entend opposer une part de résistance à cet oubli des racines. Avant que le kut ne meure, il le convoque donc sur scène comme les personnages dans Binari assurent à la mère qu’elle ne sera pas oubliée.
Que la forme du kut et les danses appartiennent à la côte est de la Corée, où la compagnie est implantée, intéressera de rares spécialistes. C’est en tant que métaphore de notre rapport aux origines culturelles que Binari nous concerne et nous touche.
Depuis dix ans Jungnam Lee, qui dirige aussi un théâtre à Busan, s’emploie exclusivement à réadapter les motifs traditionnels pour les réinscrire dans le monde actuel. « Inconsciemment, ces traditions font toujours partie de nos mœurs », dit-il. Il s’agit donc de les ramener à un état de conscience.
Thomas Hahn
Binari- Souvenirs de la mère, par MAC Theatre Company
Mis en scène : Jungnam Lee
Du 17 au 21 juin au Théâtre Laboratoire
20, rue Marsoulan, 75012 Paris, M° Picpus ou Nation
www.theatrelaboratoire.com
Suite au succès de leur présence à la Condition des Soies en 2013, le spectacle revient dans le Off d’Avignon :
Du 5 au 27 juillet à 12h00
Présence Pasteur
13, rue du Pont Trouca
www.theatre-espoir.fr/presence-pasteur/programmation/
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