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June Events : La leçon en démocratie de Maud Le Pladec
Rarement il a été aussi pertinent de parler de concert chorégraphique. Democracy abolit toute idée hiérarchique entre les composantes d’un spectacle, au profit d’une vitalité organique.
Le corps, la musique et les éclairages sont les trois éléments vivants et interactifs d’un spectacle chorégraphique. La scénographie peut aujourd’hui s’y ajouter, grâce aux technologies numériques. Et de plus en plus souvent, lumières et scénographie ne font qu’un. Dans Democracy, les musiciens sont installés sur des praticables mobiles. Aussi, la musique est scénographie, la scénographie devient le son (en démocratie).
Danse, musique, lumières… on peut songer à Montesquieu, à La République. Une exécutive dansée, une législative sonore, et une juridiction lumineuse, travaillant la main dans la main pour assurer l’équilibre entre intérêt général et intermède particulier. Et aujourd’hui ? À l’ère du numérique, le spectateur a souvent du mal à déchiffrer le sens de la motion capture: Le mouvement des danseurs est-il à l’origine des sons et des éclairages, ou bien suit-il la musique ? Qui commande ? Democracy brouille les pistes, sans caméras de surveillance, un procédé naturellement plus démocratique puisque basé sur l’échange humain dans sa plus simple poétique.
Galerie photo : Konstantin Lipatov
Ça démarre tambour battant, comme une tempête, comme le souffle d’une révolution, comme un Big Bang où tout est dans tout. Tout le monde court, tout le monde a des baguettes de batteur à la main. Et puis, après ? Au fur et à mesure, sons et actions se structurent, une (ré)partition du travail émerge. Les danseurs posent les baguettes. Par la suite, ils vont se contenter de tourner les pages de la partition ou manipuler les musiciens tels des mannequins.
Mouvement (musical) par mouvement, les cinq danseurs explorent les relations possibles avec les quatre batteurs. Corps et rythmes peuvent se chercher, se défier ou entrer dans un état d’abandon symbiotique, comme pour une rave party. Et pourtant, on est loin des chorégraphies s’appuyant sur Voguing, Twerk ou autres Krump. Le seul contexte chorégraphique est celui qui se produit sous nos yeux.
Galerie photo : Konstantin Lipatov
Finalement, une tentative de revenir à des relations hiérarchiques. Elle se termine par la menace d’une fusillade. Dans Silence = Death, pièce musicale de Francesco Filidei créé pour Democracy, les armes à feu sont des engins musicaux. Mais elles tombent entre les mains des danseurs qui menacent de se révolter. Les rapports se tendent, le silence règne, la scène se vide. Noir. La fête est finie, le pacte (républicain) brisé. Une leçon en responsabilité, à méditer d’urgence par une classe politique prête à sacrifier la vitalité de la création artistique sur l’autel du libéralisme sauvage.
Thomas Hahn
Théâtre de l’Aquarium, Festival June Events
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