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« Répercussions » d’Ana Pérez

Dans le cadre des Extensions du festival des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, nous avons découvert la danseuse-chorégraphe Ana Pérez dans un solo de trente minutes donné en matinée – en fin de matinée plus exactement – dans la cour de l’école Waldeck Rousseau aux Lilas.

La jeune Marseillaise, enfant de la balle du chorégraphe Patrick Servius et de la danseuse et fondatrice du Centre Solea, Maria Pérez, a présenté une variation un peu courte pour constituer un show en soi, un poil trop longue pour tenir en haleine le très jeune public du premier rang assis sur des coussins. Un monologue extrêmement lyrique, tiré du livre du paternel, La Terre qui vous manque (2018), dit par une voix off masculine et grave débute en ces termes le spectacle : « Je sais, j’ai toujours su. Et mon histoire était là, enfouie si profondément. Elle se tenait blottie au cœur des silences… » Simultanément, Ana Pérez se lance dans un taconeo dont la mère, c’est probable, lui a transmis la règle, des percussions de la pointe et des talons des souliers à lanières, en finesse, en verticalité et en intensité.

Photos © Alain Scherer

Le geste prend le relais du texte. La danse devient pour un moment, si l’on peut dire, a cappella. Ou, plutôt, elle se fait musique, à base uniquement de percussions et, donc aussi, littéralement, de répercussions, de temps et contretemps. La bande son est produite par les moyens du bord ou du corps. En l’occurrence, par les pieds, amplifiées ce qu’il faut au moyen de deux micros fixés au double plancher qui recouvre le sol de ciment brut. Suit une section où le reste du corps trouve à s’exprimer, le buste s’assouplissant, se recourbant ; la danseuse semble se concentrer ; les bras s’animent l’un après l’autre ; les poignets forment des torsades ; les doigts figurent des mudras  dont l’occident, qui n’en connaît ni le sens ni l’objet, apprécie la symétrie, la joliesse, la délicatesse. 

Une B.O. électro-acoustique brise le silence. Les mouvements alanguis, la cambrure soulignée, la série de demi-tours et de voltes, le va-et-vient de cour à jardin, le port de bras classique transmuent le flamenco en danse prosaïque – pour ne pas dire « contemporaine ». La promenade, les manèges anti-horaires, les mains en direction du ciel, les accélérés prennent fin avec le fondu sonore. Une routine de zapateado, plus impressionnante que celle de l’entame, conclut la démo. La bailaora se doit de tenir son rang et, pour ce faire, de répondre avec à propos et, autant que possible, avec éclat, par la frappe de ses souliers ferrés, aux rythmes complexes, aux subdivisions des temps. Soutenue par la guitare, encouragée par les onomatopées d'un joueur de tablas, Ana Pérez, à l'instar d'une danseuse de kathak conclut son solo avec vivacité.  

Nicolas Villodre

Vu le 2 juillet 2023 à l’école Waldeck Rousseau des Lilas, dans le cadre des Extensions 2023 
Extensions des Rencontre chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis 

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