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Michaël Denard a rejoint les étoiles

Nous apprenons avec une immense tristesse le décès de Michaël Denard, étoile solaire qui brilla pendant 35 ans au firmament de l’Opéra de Paris.

Brigitte Lefèvre, danseuse, chorégraphe, directrice du Théâtre du Silence avec Jacques Garnier, ex directrice de la Danse à l’Opéra de Paris, a accepté de nous livrer ses souvenirs de cet artiste dont elle était particulièrement proche.

« On ne peut imaginer ce que Michaël Denard a pu représenter. Il était une rock star de la danse. Tous les chorégraphes voulaient créer pour lui. Le public l’adorait. Il était le premier grand danseur international français. Béjart avait développé avec lui une relation très proche et avait chorégraphié pour lui L’Oiseau de feu et ce magnifique pas de deux avec Josyane Consoli : Comme la Princesse Salomé est belle ce soir. Nous avions dansé ensemble dans des ballets de Michel Descombey, notamment dans Christina ou les chimères (1972) avec Jean Guizerix et dans Soirée musicale de John Taras. C’était un ballet plutôt comique que nous commencions très sérieusement... avant de dérailler. Il était le compagnon de Jacques Garnier et avait fait en sorte que nous faisions partie de la distribution de l’Oiseau de feu créé par Maurice Béjart en 1970 Nous formions un trio, et il a continué de danser avec nous au Théâtre du Silence. Jacques et lui avaient d’ailleurs créé mon premier ballet Microcosmos au festival d’Avignon, et Jacques lui avait confié un magnifique solo sur le lied de Schubert Le Roi des Aulnes. Michaël aimait rire, il aimait chanter, il a beaucoup joué au théâtre. Il avait gardé en lui une part d’enfance et d’émerveillement, même s’il pouvait être sombre et aimait rester discret. En tant que directrice de la Danse à l’Opéra, je l’avais engagé comme professeur car il avait beaucoup à apporter en tant qu’artiste ».

Né en 1944, Michaël Denard commence la danse à l’âge de 17 ans (1961). Engagé, sur audition, dans le Corps de Ballet de l’Opéra en 1965, il est promu Premier Danseur quatre ans plus tard. En 1970, Maurice Béjart le choisit pour être l’interprète de L’Oiseau de feu au Palais des Sports.

Nommé Danseur Étoile en 1971, il reçoit le prix Nijinski la même année. En 1972, il crée, pour la télévision française puis pour l'Opéra, La Sylphide (reconstituée par Pierre Lacotte) avec Ghislaine Thesmar qui deviendra sa partenaire de prédilection. Prince romantique à la beauté légendaire, il excellait dans les grands ballets classiques mais était avide de créations. À l’Opéra de Paris, il a notamment créé : Comme la princesse Salomé est belle ce soir, L’Oiseau de feu (Maurice Béjart - 1970), Orphée (George Balanchine - 1973), Intégrales, Amériques (John Butler - 1973), Un jour ou deux (Merce Cunningham - 1973), Coppélia (Saint-Léon, version Pierre Lacotte - 1973), Afternoon of a faun (Jerome Robbins), Tristan (Glen Tetley - 1974), Symphonie fantastique (Roland Petit - 1975), Ivan le Terrible (Iouri Grigorovitch - 1976), , Roméo et Juliette (Iouri Grigorovitch - 1978), Serait-ce la mort ? (Maurice Béjart - 1979), Mad Rush (Lucinda Childs - 1981), Roméo et Juliette (John Cranko), Marco Spada (version Pierre Lacotte), Cendrillon (Rudolf Noureev - 1986), Grande Fugue (Hans van Manen), Quatre derniers Lieder (Rudi van Dantzig), Le Martyre de Saint-Sébastien (Robert Wilson - 1988).

Il est le grand danseur international français que tout le monde s’arrache. Il est Etoile invité à l’American Ballet Theatre, au Bolchoï et au Kirov, mais aussi au Théâtre du Silence de Brigitte Lefèvre et Jacques Garnier. Il fait ses adieux « officiels » à l’Opéra en 1989. Parallèlement à sa carrière de danseur, Michaël Denard est également comédien au cinéma notamment pour La Rumba de Roger Hanin et joue aussi au théâtre Hippolyte d’Euripide (mise en scène de Jean Pierre Miquel), Obéron dans Le Songe d’une nuit d’été (mise en scène de Pierre-Jean de San Bartolomé), Vincent Van Gogh ou le suicidé de la société d’après Antonin Artaud (mise en scène d’Anne Delbée), Un mari idéal d’Oscar Wilde (mise en scène d’Adrian Brine)…Il est le «Sprecher» du Ring um den Ring de Béjart (1990, repris en 2004 et 2006), Otto Dix dans Dix oder Eros und Tod de Roland Petit (1993).

Directeur du Ballet du Staatsoper de Berlin entre 1993 et 1996, il est Étoile invité à l’Opéra national de Paris, pour être le Juré français dans Le Concours de Maurice Béjart (1999 et 2002), le Père d’Armand dans La Dame aux camélias de John Neumeier (2006) et Mère Simone dans La Fille Mal gardée de Frederick Ashton (2007).

La dernière fois qu'il est apparu sur scène, c'était au théâtre Marigny à l'automne 2018. Il jouait le rôle du père de Peau d'Âne, avec Marie-Agnès Gillot.

Enseignant, il a donné des cours au CNSM de Paris et a été professeur à l’Opéra national de Paris.

Propos recueillis par Agnès Izrine

 

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