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Sens Dessus Dessous à Lyon
Pour sa 11e et ultime édition, le festival de la Maison de la Danse de Lyon, met en valeur les voix, particulièrement vibrantes cette saison.
Cette édition du Festival Sens Dessus Dessous met l’accent sur les femmes et la voix. Il propose un parcours dédié à toutes les formes d’expressions du corps mais à travers la danse, puisqu’il est confié à des artistes chorégraphiques innovantes.
Fanny de Chaillé ouvre le festival avec Le Chœur, inspiré par le poème Et la rue de Pierre Alferi, la chorégraphe et metteuse en scène invente une fugue à dix voix pour questionner la parole au plateau. En interrogeant ainsi les liens entre la parole et la forme théâtrale, sur scène, les dix comédiens et comédiennes forment un choeur. Une unité. Un corps. Pas de protagoniste identifié ni d’incarnation individuelle. Cette forme polymorphe donne à l’acteur une véritable responsabilité, celle du collectif.
Plus extravagante, Hélène Iratchet dans Les Délivrés imagine la rencontre des travailleurs précaires et des artistes, de la cyber logistique et de la plasticité des corps. Mais voilà, Hélène Iratchet se situe entre Pina Bausch et Jacqueline Maillan ! Prises dans un flux continu de livraisons à leur domicile, une mère et sa fille répètent un spectacle inspiré de leur héros, le chorégraphe américain William Forsythe. Mais les livreurs et leurs colis n’arrivent pas toujours au bon moment ni au bon endroit… Situations burlesques et extravagances garanties dans ce spectacle qui parle pourtant de l’uberisation de notre monde.
Avec Fiasco, le collectif ES explore la symbolique contradictoire d’hymnes nationaux avec humour (lire notre critique) dans un spectacle punk et dada à la fois
Humour toujours avec Silvia Gribaudi qui, dans Grâces, se moque allègrement des conventions esthétiques et des normes physiques. Cette décapante référence à la sculpture Les trois grâces d’Antonio Canova qui montre les trois filles de Zeus, symbolisant leur pureté fantasmée, est démontée par la Gribaudi dans un éclat de rire qui nous libère des stéréotypes au sujet de la beauté, chez la femme et dans la danse.
Flora Détraz dans Glottis qui signifie glotte ou grotte, explore la dimension surnaturelle de la voix dans un trio polyphonique. La pièce est basée sur un travail vocal impressionnant où tous les sons sont travaillés depuis le fond de la gorge, en lien avec le geste chorégraphique. Plongée onirique dans les méandres de la magie et de l'inconscient, Glottis fait l'apologie de l'occulte.
On retrouve la même Flora Détraz, mais cette fois interprète pour Elles disent, de Nach, (lire notre critique et notre entretien) aux côtés de la hip-hopeuse Mia, la krumpeuse Mulunesh, et Sophie Palmer, danseuse de flamenco et agricultrice, toutes étant invitées à se saisir de leurs corps érotique et politique.
Et, last but not least, Jann Gallois mêle hip-hop et musiques sacrées dans Ineffable, une pièce très introspective (lire notre critique).
Cette édition est la dernière de Sens Dessus Dessous. La saison prochaine, le festival laissera la place à un nouveau temps fort intitulé le 8ème festival, un festival invitant tous les publics dans le 8e arrondissement de Lyon pour découvrir une programmation indisciplinée avec des artistes locaux et internationaux.
Agnès Izrine
Festival Sens Dessus Dessous : Du 20 février au 3 mars, Maison de la Danse - Pôle européen de création
Image de preview : Collectif ÈS © Romain Tissot
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