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« DAH-DAH-SKO-DAH-DAH » de Saburo Teshigawara
DAH-DAH-SKO-DAH-DAH un titre en forme d’onomatopée qui fait immanquablement penser à Dodes’kaden (un chef-d’œuvre du cinéaste Akira Kurosawa, 1970) pour une pièce ui fut créée en 1991 et nous arrive en France vingt ans après. Mais, contrairement au film de Kurosawa, l’onomatopée, comme la pièce, est abstraite, elle fait référence aussi bien aux pulsations du cœur qu’au bruit du vent ou des grains de sables. Mais elle vient également du bruit des taïko, ces tambours traditionnels qui accompagnent le Kenbai, la danse traditionnelle pratiquée pendant plus de cent ans à Iwate, un village montagnard au Nord Est du Japon. Bref, on l’aura compris, DAH-DAH-SKO-DAH-DAH est une pièce percutante et percussive, particulièrement virtuose.
Galerie Photo de Laurent Philippe
La mise en scène, bien que plutôt sobre a quelque chose de grandiose sinon de solennelle. Est-ce dû à ces effets de lumière ? À ces éléments mystérieux que sont un chat à taille humaine et des poissons rouges tournant dans des bocaux qui fonctionnent comme des éléments graphiques et sophistiqués ? À la façon dont l’espace s’agence, cherchant la quadrature du cercle en faisant alterner à rythme soutenu, des figures courbes et rectilignes qui remanient sans cesse le cadre du plateau hésitant entre le cirque et le ring. Sur ce dernier justement, reviennent sans cesses les danseuses dans un curieux numéro de claquettes, on ne peut plus carré dans sa disposition comme dans sa musicalité, qui servirait presque d’aire de repos ou viendrait contrecarrer justement cet espèce d’excès gestuel qui s’étoile dans le reste de la pièce.
Galerie Photo de Laurent Philippe
Car c’est de la danse à haut-voltage (sinon haute voltige) sur une musique électro en rafales, que nous propose Saburo Teshigawara et ses interprètes d’exception que sont Rihoko Sato (lire aussi : http://dansercanalhistorique.com/2014/05/08/she-de-saburo-teshigawara/), Eri Wanikawa, Kafumi Takagi, Rika Kato, Minami Shioya, et Didda. À une vitesse proprement stupéfiante, les mouvements s’enchaînent à toute allure, défiant les notions d’horizontalité et de verticalité dans des rotations et des torsions, des précipités qui nous amènent au bord du vertige.
Saburo Teshigawara voulait, dans cette chorégraphie, « essayer d’approcher le mouvement par un travail sur un corps complètement vidé, d’où partiraient les sensations ; » Et c’est bien le vide qui domine au cœur de ce dispositif où les danseurs semblent des électrons libre propulsés dans un accélérateur de particules. Du coup, il est difficile de se laisser emporter par une émotion tant on est submergé par ce maelström de corps frénétiques.
Agnès Izrine
Du 13 au 16 mai 2014 - Théâtre national de Chaillot
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