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« Cette Terre me murmure à l’oreille » de Christiane Emmanuel
Ambiances et surprises formidables aux Francophonies de Limoges
Á Feytiat, au centre culturel Georges Brassens, Cette Terre me murmure à l’oreille de la martiniquaise Christiane Emmanuel nous emporte dans un étrange et vivant voyage aux Caraïbes.
Sur le plateau nu, 3 hommes entrent en rampant gracieusement. Puis ils se mettent à fort bien évoquer un trio de singes en sautillant à quatre pattes, se redressant en poussant des cris comme s’ils étaient en alerte et en jouant en roulant les uns sur les autres.
Leur amitié et leurs lieux de vie se définissent distinctement au fil de la chorégraphie qui, avec humour et idées fortes, met en évidence les différentes sensibilités de ces trois personnages.
Car, si l’un frappe des pieds au sol, les deux autres le suivent immédiatement et créent une musique de jazz qui semble si naturelle. Ils sourient et avec humour poursuivent cet harmonieux concert dansé entre tapements des mains, soufflements.
Une radieuse complicité engendre à nouveau des évocations d’insectes par le biais de légers sautillement et de larges mouvements des bras pour tenter de prendre son envol.
Où sont-ils ? Dans des mangroves, au sein d’une envahissante jungle, en Afrique cernés de baobabs ? Repliés, roulants au sol, bondissants, les corps, s’apprivoisent, luttent, vibrent, se toisent. Ce mélange de corps bèlè, de corps zahouly dessine l’essence même du geste et du mouvement dans ce qu’il y a de plus sacré.
Finalement, il suffit de se laisser envahir par leur amitié, de se laisser porter dans les contrées caribéennes. D’imaginer cette nature luxuriante habitée par tant d’animaux, de se ressourcer grâce à leurs joies de vivre tellement apaisantes.
Galerie photo © Christophe Péan
Et c’est justement tout le talent de Christiane Emmanuel, c'est-à-dire provoquer l’imagination de chaque spectateur, le laisser rêver à des jours plus heureux tout simplement grâce une danse robuste et féline enrobée d’idées musicales ingénieuses.
Un voyage contemporain parfaitement bien interprété et délicieusement pensé, qui démontre que les pays francophones (et ailleurs) nous apportent d’autres regards passionnants sur la danse.
Les Francophonies se terminent et il est important de noter la formidable organisation de l’équipe avec les repas pour les artistes et professionnels dans le magnifique espace Noriac. La multiplicité des artistes du monde entier invités par Hassane Kassi Kouyaté pour un programme si riche en spectacles d’origines diverses.
Sophie Lesort
Spectacle vu mercredi 8 octobre aux Zébrures d'automne dans le cadre des Francophonies à Limoges
Cette Terre me murmure à l’oreille
Chorégraphie et direction artistique : Christiane Emmanuel
Assistant chorégraphe : Pascal Séraline
Avec : Abdoulaye Trésor Konaté, Christian Romain Kossa, Jean-Félix Zaïre
Musique : Jeff Baillard
Régisseur général et création lumière : Dominique Guesdon, Yann-Matthieu Larcher
Création costumes : Line Baker Bompa
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