Add new comment
Le premier week-end du Temps d’Aimer la danse
Un premier week-end exceptionnel tant par la diversité des pièces programmées par Thierry Malandain, que par le temps estival qui attribuait à Biarritz une délicieuse ambiance de vacances.
Très attendu, le danseur et chorégraphe Martin Harriague s’est inspiré de Michael Jackson & Rod Temperton, Gloria Gaynor, Aretha Franklin, James Blake et Beethoven afin de plonger dans l’album de sa jeunesse. Sa création Starlight relate ses premiers parcours en tant qu’interprète dont Thriller de Michael Jackson est le fil conducteur.
Martin Harriague possède plusieurs cordes à son arc. Il avait déjà fait ses preuves en tant que comédien, mais là, on découvre qu’il est aussi chanteur et musicien. Un homme orchestre qui maitrise à merveille tous ces talents dans une histoire pleine d’humour, de souvenirs atypiques et de rencontres étonnantes.
Galerie photo © Olivier Houeix
Dans cette pièce qu’il dédie à sa maman, son seul partenaire est une petite et ancienne télévision où des vidéos originales complètent ces différentes séquences. Dès le départ, il dévoile son amour pour Thriller et son rêve de danser comme son idole. Alors pas à pas, il ose se lancer plusieurs fois jusqu’à accompagner à merveille Michael Jackson dont le clip apparait sur la télé. D’autres souvenirs surgissent qu’il raconte en chantant, en dansant, en parlant et en s’accompagnant musicalement.
Entre fragilité, émotions et sincérité, Starlight devient un show pailleté dont chaque pépite de sa mémoire est grandement applaudie par un public séduit au point de se lever au final pour acclamer cette incroyable performance.
Le soir, dans le cadre du focus Caraïbes, ambiance totalement différente, folle de joie et de générosité dans la salle du Casino avec la compagnie Difé Kako qui nous entraine dans un génial voyage en Guadeloupe (Lire notre critique). La représentation a été suivie d’un bal Konsèr à plaza Berry totalement déchainé.
Galerie photo © Stéphane Bellocq
Dimanche matin, un monde fou s’est agglutiné en front de mer pour la traditionnelle gigabarre dirigée par Marie-Caude Pietragalla. Un moment exceptionnel qui a attiré petits et grands dont une grande partie a demandé des autographes à la danseuse Étoile.
En début de soirée au théâtre Quintaou d’Anglet, le danseur, chorégraphe François Chaignaud et le chanteur Geoffroy Jourdain (directeur Des Cris de Paris) ont proposé Tumulus.
Une pièce pour treize chanteurs et danseurs qui se déroule autour et sur un tumulus qui évoque à la fois un mausolée et un paysage. Vêtus de costumes composés pour la plupart de doudounes matelassées qui ne ressemblent à rien, les artistes tournent, tournent et dessinent un tableau vibrant et charnel autour des polyphonies sacrées de la Renaissance. Bien que ces interprètes soient parfaits dans tous les domaines, cet ouvrage manque cruellement de rebondissement et finit par lasser tant c’est beaucoup trop long. Dommage !
Galerie photo © Olivier Houeix
Dans la salle Atabal, final du week-end avec l’inclassable et époustouflant Eta orain zer ? (Et maintenant quoi ?) de la compagnie Kukai Dantza qui célèbre ses vingt ans d’existence. Un anniversaire fêté avec le public que le chorégraphe Jon Maya, nouvellement artiste associé au Malandain Ballet Biarritz, entraîne dans une déambulation accompagnée par l’Orchestre des jeunes d’Euskadi dirigé par Rubén Gimeno.
Les musiciens entrent dans la salle vide de sièges et débutent des solos et duos tout simplement éclairés par des lampes maniées par les artistes. Ainsi, le public se déplace continuellement d’un groupe à l’autre dans une chaleureuse ambiance accompagnée par la musique de Pascal Gaigne jouée en direct.
Puis, les uns et les autres s’emparent de longs tubes de lumière afin de repousser les spectateurs de part et d’autre du parterre. Du sol au plafond, ces éclairages créent des lignes, des diagonales, des triangles magnifiques. Et là, cette création placée sous le sceau du printemps, source de jouvence et d’élan nouveau, se développe dans une chorégraphie effrénée qui entremêle délicieusement les racines populaires avec d’autres langages artistiques et d'autres styles de danse. Mais surtout, les mythes de la culture basque de leurs origines à nos jours sont sublimement et subtilement développés par les neuf danseurs tous et toutes vêtus de costumes et robes beige clair.
Galerie photo © Stéphane Bellocq
L’intelligence de Jon Maya est d’avoir réussi à moderniser la danse traditionnelle basque tout en restant fidèle à ses bases comme Israel Galván avec le flamenco.
Une pièce éclatante de beauté, d’intelligence et d’humour extrêmement bien interprétée par les artistes, danseurs et musiciens. Un moment rare et puissant sans aucune fausse note qui subjugue grâce à son rythme si soutenu et la fraîcheur qui s’en dégage.
Oui, ce premier week-end du Temps d’aimer la danser restera dans les mémoires du public car Thierry Malandain a l’immense talent de savoir mélanger les styles au sein de sa programmation.
Sophie Lesort
Spectacles vus à Biarritz et Anglet les 10 et 11 septembre 2022.
Le Temps d’Aimer la Danse jusqu’au 18 septembre
Starlight
Chorégraphie, concept, musique, lumières, interprétation : Martin Harriague
Technique : Peio Lamarque, Frédéric Eujol
Costumes : Vanessa Ohl, Martin Harriague
Difé Kako Cercle égal demi-cercle au carré
Chorégraphe : Chantal Loïal
Assistantes chorégraphiques : Delphine Bachacou
Danse : Stéphanie Jardin, Sandra Sainte-Rose, Chantal Loïal, Delphine Bachacou, Régis Tsoumbou Bakana, Léo Lorenzo, Diego Dolciami, Mario Pounde.
Musique : Yann Villageois, Gaëlle Amour, Elise Kali, Igo Drané, Nita Alphonso
Compositeurs : Damien Groleau, Didier Léglise, Gaëlle Amour, Yann Villageois
Technique : Paul Argis, Théo Errichiello
Scénographie : Olivier Defrocourt
Création costume : Marine Provent, assistante : Gwendolyn Boudon
Création vidéo : Yutaka Takei, Christian Foret
Création lumières : Paul Argis
Tumulus
Conception François Chaignaud et Geoffroy Jourdain
Chorégraphie : François Chaignaud
Direction musicale : Geoffroy Jourdain
Scénographie : Mathieu Lorry-Dupuy
Lumière : Philippe Gladieux, Anthony Merlaud
Dramaturgie : Baudouin Woehl
Assistant à la direction musicale : Louis Gal
Assistante chorégraphique : Anna Chirescu
Création costume : Romain Brau
Interprètes : Simon Bailly, Mario Barrantes, Florence Gengoul, Myriam Jarmache, Evann Loget-Raymond, Marie Picaut, Alan Picol, Antoine Roux-Briffaud, Vivien Simon, Maryfé Singy, Ryan Veillet, Aure Wachter, Daniel Wendler
En tournée : Points communs, Cergy-Pontoisele 16 novembre ;Théâtre de Saint-Quentin en-Yvelinesle 18 novembre ; La Villette, Parisdu 24 au 27 novembre ; Maison de la Culture de Bourgesle 30 novembre ; Malraux Scène nationale Chambéry Savoieles 3 et 4 décembre ; Concertgebouw Brugge (Belgique)le 17 décembre ; La Comédie de Clermont-Ferrandles 23 et 24 mars 2023 ; Théâtre Molière Scène nationale archipel de Thau, Sète
le 28 mars ; Théâtre Auditorium de Poitiersle 31 mars
Eta orain zer ?
Idée originale et direction : Jon Maya Sein
Composition musicale : Pascal Gaigne
Chorégraphie : Jon Maya Sein
Scénographie et lumière : David Bernués
Direction musicale : Rubén Gimeno
Assistant à la dramaturgie : Ximun Fuchs
Costumes : Alessio Meloni
Interprètes : Alain Maya, Aritz Lopez, Helena Willhelmson, Ibon Huarte, Junaid Jemal, Izar Aizpuru, Leire Otamendi, Nerea Vesga, Urko Mitxelena
En tournée : Espagne le 12 novembre à Errenteria et les 17 et 18 décembre à San Sebastian
Catégories: