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« Between » de Sylvain Groud et Chamberlain

Dans Between, Sylvain Groud s’est livré, un soir de poissons d’avril, à la fois en solo et en duo au côté du compositeur multi-instrumentiste de tendance électro Chamberlain, à la Cave aux poètes de Roubaix, dans le cadre des spectacles du Label Danse. 

Après la pièce groupale de Jeanne Leighton, People United, dont compte a été rendu lors de sa présentation à l’Atelier de Paris, œuvre qui bouclait, sur le mode des jeux d’enfants Un, deux, trois, soleil ou, si l’on veut, du Jacques a dit (Simon says, en anglais), la célébration du cinquantenaire de mai 68 inaugurée avec éclat par Miguel Gutierrez à l’Opéra de Nancy (cf. Cela nous concerne tous, en novembre 2018), il a été possible pour les amateurs de danse de finir la soirée à la Cave aux poètes, un club nocturne branché proche de la Grand-Place roubaisienne pour d’assister au set du musicien Chamberlain et à la variation du danseur Sylvain Groud, par ailleurs directeur du Ballet du nord.

En un premier temps, Chamberlain a joué sur un piano droit parfaitement accordé disposé côté jardin de la modeste estrade réservée aux artistes tandis que Groud donnait la sensation d’auner de ses avant-bras la hauteur de plafond du local. Cette première partie du solo valorisait le port de bras d’un interprète se contraignant un moment à faire du surplace. La verticalité n’impliquant pas du tout l’immobilité. Les torsions des poignets et des membres supérieurs annonçaient les contorsions à venir du reste du corps. La précision technique et la fluidité gestuelle étant la marque du style de Sylvain Groud depuis ses débuts dans l’art chorégraphique.

Dans tous les sens du terme, l’entente étant parfaite entre le danseur et le musicien, nul n’était besoin entre eux de signal visuel ou sonore pour faire fusionner les ondes de chaque instrument. Tandis que l’un pianotait d’une main et déclenchait de l’autre un des gadgets électroniques à disposition – une boîte à rythmes, un des potentiomètres, un synthétiseur d’appoint –, l’autre anticipait, suivait ou soulignait ces actes de ses infimes mouvements corporels. En un deuxième temps, Groud s’est jeté dans le « grand bain », pour reprendre le titre du festival prônant l’immersion du corps social dans le paysage urbain, La Piscine détournée en musée incluse.

Galerie photo © Kalimba

La relation binaire entre artistes s’est alors muée en rapport entre le danseur professionnel et les adeptes de danse de société – de jerk, de disco, de techno, pour être plus précis. Groud s’est joint aux spectateurs debout ayant d’abord assisté au spectacle, avant de devenir des participants à part entière à celui-ci, en marquant le tempo avec un plaisir évident. Groud s’est mêlé à la petite foule, l’a encouragée à passer à l’acte, sans lui prescrire de conduite précise. L’improvisation devenant le seul programme de fin de soirée et de début de nuit.

Nicolas Villodre

Vu le 1eravril 2022 à la Cave aux poètes de Roubaix dans le cadre du festival Label Danse.

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