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Entretien avec Sylvain Groud
Sylvain Groud signe deux créations en novembre, L’Autre et Lorsque l’enfant était enfant. Le directeur du Ballet du Nord explique avec sensibilité les thèmes de ses deux nouvelles pièces.
Danser Canal Historique : Comment se compose L’autre ?
Sylvain Groud : Il s’agit d’un duo interprété par Lauriane Madelaine et Julien Raso. Ils sont accompagnés par la célèbre pianiste Vanessa Wagner qui engendre une magnifique complicité physique et spirituelle.
DCH : Que voulez-vous évoquer ?
Sylvain Groud : Je questionne la puissance du manque de l’autre. Comment se reconstruire après le deuil. Mais rassurez-vous, il ne s’agit pas de pleurnicherie, c’est même profondément optimiste Mon objectif est de convoquer les souvenirs par le biais de flash-back et de proposer au public d’être témoin des différents états de persistance, depuis le délicieux souvenir jusqu’au terrible oubli.
Les regards portés sur le rapport à l’autre s’expriment dans une chorégraphie empreinte de sensibilité, d’émotion, de poésie et de tendresse. Elle met en avant l’extrême richesse de l’autre dont on ne prend conscience qu’après son départ.
DCH : En quoi consiste la présence de la pianiste Vanessa Wagner ?
Sylvain Groud : Sans cette merveilleuse musicienne qui interprète un programme de musique minimaliste, il aurait été impossible de relier les deux corps dansants. Pour moi, elle représente la volonté de l’humain. Il s’agit d’une occasion unique de mesurer l’impact de l’interprétation en direct des partitions jusqu’à en faire une règle du jeu.
DCH : Vous signez également fin novembre Lorsque l’enfant était enfant . De quoi s’agit-il ?
Sylvain Groud : Pour cette création je me suis inspiré du titre du poème de Peter Handke écrit pour le film Les ailes du désir de Wim Wanders. Accompagné par la violoniste Laetitia Ringeval, je danse avec un jeune garçon de 13 ans qui est incroyable.
La pièce raconte un parcours initiatique versus enfant et versus adulte. C’est en quelque sorte une interrogation sur les étapes à passer pour s’affranchir. Un môme arrive dans la vie de cet homme, la force vitale de l’enfant le bouscule et comment cet homme se sent ravivé, ré-enchanté.
DCH : Comment se déroulent les répétitions ?
Sylvain Groud : Ce long travail avec David Dauchy est surprenant tant il me replonge dans ma jeunesse. Il fait preuve d’une inventivité et d’une sensibilité assez rare. Grace à lui, j’ai compris la contradiction entre l’enfant qui va devenir adulte par rapport à moi, artiste, qui ne dois jamais quitter mon enfance pour pouvoir continuer à rêver, à créer, à être nourri par mon passé.
DCH : Vous semblez parler d’un dialogue.
Sylvain Groud : C’est exactement ça. La pièce est construite comme un dialogue entre les deux interprètes et la violoniste. Omniprésente, la musique jouée en direct crée le lien entre les étapes d’évolution de ces deux personnages que tout semble opposer.
DCH : Après cette terrible épreuve liée à la pandémie comment vous sentez-vous ?
Sylvain Groud : Comme tous les artistes, je suis à fleur de peau. Ce virus a bousculé tous les fondamentaux. Aujourd’hui, il semble évident que ces deux créations ne sont pas anodines. L’autre raconte avec réalisme et pudeur la perte d’un être cher et dans Lorsque l’enfant était enfant, la fraicheur, l’authenticité et l’insouciance de la jeunesse donne une nouvelle énergie à l’adulte face au jeune garçon.
Propos recueillis par Sophie Lesort
L’autre : Conception et chorégraphie : Sylvain Groud
Interprétation musicale : Vanessa Wagner
Interprétation chorégraphique : Lauriane Madelaine, Julien Raso
Les 9 et 10 novembre 2021 au Colisée (Roubaix)
Lorsque l'enfant était enfant : Conception et chorégraphie : Sylvain Groud
Interprétation chorégraphique : David Dauchy, Sylvain Groud
Musique additionnelle et interprétation musicale : Laetitia Ringevalau violon
En tournée : les 21 et 22 novembre 2021 à L’Etoile, scène de Mouvaux, près de Lille – le 22 janvier 2022 au théâtre Francine Vasse à Nantes.