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Lancement réussi pour la 19e Biennale de la danse de Lyon
Reporté de septembre à juin, le rendez-vous de toutes les danses a pu enfin prendre son envol, offrant à un public ravi de se retrouver pour une série de rendez-vous très attendus.
Inscrit dans la saison Africa 2020 également décalé pour raisons sanitaires, le festival a mis, dès la première semaine, le continent africain à l’honneur.
A commencer par Germaine Acogny, maman de toute la génération contemporaine et Lion d’or de la Biennale de Venise 2021, dont était présenté le 4 juin au théâtre de la Renaissance à Oullins A un endroit du début, créé en 2015. Co-conçu avec le metteur en scène Mikaël Serre, ce solo avait le mérite d’exposer en majesté la femme et la danseuse. Opérant un « retour à ses identités multiples », celle-ci se racontait sous les auspices des figures tutélaires et opposées de son père, le haut fonctionnaire occidentalisé Togun Servais Acogny, et de sa grand-mère, la prêtresse Yoruba du Dahomey Aloopho. Une parfaite entrée en matière pour une manifestation elle aussi à la croisée de toutes les esthétiques et de tous les continents.
On en avait d’ailleurs dès le lendemain un exemple magistral en assistant au TNP de Villeurbanne à la création mondiale de Transverse Orientation de Dimitri Papaioannou. Le chorégraphe grec qui affole les publics et les programmateurs a réussi une fois de plus à conjuguer sens esthétique, visions plastiques et corps engagés avec une pièce brassant les mythes européens, notamment celui de Thésée et du Minotaure mais aussi la naissance de Vénus, dans une succession - parfois un chouia complaisante - d’images virtuoses.
Autres perspectives riches et fécondes, celles offertes le 5 juin aux SUBS par les cinq solos du Ballet de l’Opéra de Lyon. Suite du programme « Danser encore » conçu en 2020 par la nouvelle directrice de la compagnie, Julie Guibert, en réponse à la pandémie, cette proposition permettait de découvrir la version finale et réussie de Jours effacés de Rachid Ouramdane (voir article de septembre), où l’expressivité du danseur Leoannis Pupo-Guillem faisait merveille, précédée du très maîtrisé Self Duet de Noé Soulier interprété par Katrien De Bakker, et suivi par contraste de la très déchaînée Venerina de Nina Santes, avec Elsa Montguillot de Mirman, et du facétieux Love de Marcos Mauro dansé par Paul Vezin (plus la reprise de Komm und birg dein Antliz de Ioannis Mandafounis, créé en septembre dernier).
Galerie photo © Michel Cavalca
Restait à clore (très provisoirement !) en beauté ce démarrage prometteur avec le fameux Défilé de la Biennale, proposé cette année en version inédite et en deux après-midi sur la scène du Théâtre antique, en complicité avec le directeur des Nuits de Fourvière Dominique Delorme. Comme la veille, ce dimanche 6 juin Germaine Acogny, marraine du Défilé, était présente dans les travées aux côtés de son compagnon Helmut Vogt, tandis que sur le plateau, la chanteuse malienne Fatoumata Diawara enflammait les spectateurs et les faisait danser sur place.
Auparavant, on avait vu les marionnettes géantes des Grandes Personnes ouvrir le bal, en complicité avec la Cie Malka de Bouba Landrille Tchouda, dans un émouvant hommage à une liberté de la presse trop souvent menacée sur le continent africain, suivis par les groupes d’amateurs pilotés par des chorégraphes professionnels, dont Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou, qui se succédaient dans une fête joyeuse et colorée.
Mention spéciale au court mais puissant extrait de Re :INCARNATION revisité par Qudus Onikekku avec non seulement ses propres danseurs venus de Lagos (Nigéria), mais quinze interprètes français supplémentaires issus de la formation ID, tous formidables. Et saluons la combativité de la directrice artistique de la Biennale, Dominique Hervieu, qui jamais n’a renoncé à maintenir ce rendez-vous vital de la danse et de la fraternité.
Isabelle Calabre
Vu à la Biennale de danse de Lyon, du 4 au 6 juin 2021.
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