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« L’Onde » de Nacera Belaza
Avec le Festival d’automne, Nacera Belaza ouvre le Printemps de la danse arabe avec une création puissante.
Comme (presque) toujours Nacera Belaza nous plonge dans une obscurité propice à l’imaginaire afin de faire surgir la danse. On la devine d’abord comme trace du mouvement, déplacement de l’air, bougé imperceptible qui signale une présence dans un noir presque total. Les silhouettes, perdues dans un vêtement informe, se distinguent peu à peu,elles se meuvent, se déplacent, s’approchent vaguement, mais seule la puissance gestuelle envahit le plateau.
Elles sont cinq. Placées en triangle, en cercle, en ligne. Peu importe. Seule compte l’obstination de ce seul geste qui part des bras pour se répercuter en onde dans tout le corps, encore et encore comme une déflagration aussi intime qu’impérieuse. Une répétition inexorable pour sonder la profondeur du dedans. Une béance infinie que seule l’expérience de l’immuable peut non pas combler, mais appréhender. Un état proche de la transe – mais maîtrisée – où la liberté tient à trouver la force inlassable de répéter jusqu’à s’oublier, annihiler le corporel en le sollicitant sans cesse, éprouver la densité du geste en s’absentant de soi.
Portée par des musiques issues de danses traditionnelles algériennes, pulsations entêtantes et entêtées proches du rituel résonnant avec une rythmique contemporaine réduite finalement à une onde hertzienne, Nacera Belaza nous ouvre les portes de sa nuit métaphysique, où le visible et l’invisible se confondent.
Agnès Izrine
Vu le 22 mai à la MC93, Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis à Bobigny
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