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Festival Kalypso, de l’écran aux plateaux
L’édition commencée en ligne se poursuit et devrait retrouver le public en salle à La Villette.
Mourad Merzouki comme animateur d’une grande rencontre virtuelle entre artistes chorégraphiques – ce n’est pas ce que le directeur du CCN Créteil & Val-de-Marne avait rêvé pour ouvrir son festival Kalypso. Mais la contrainte est propice à l’invention. Un par un, il s’est entretenu, le soir du 25 novembre, avec les chorégraphes et partenaires de cette 8e édition, réunis en multiplex sur l’écran de l’ordinateur qu’il avait installé sur le plateau du Théâtre des Gémeaux de Sceaux, lieu du live chorégraphique qui aurait dû se danser face à une salle comble.
Covid oblige, les rangs étaient déserts, et la première d’Anopas de la compagnie Art Move Concept s’est déroulée face aux caméras qui ont assuré la captation, retransmise en direct. Une jolie pièce écrite par Soria Rem et Mehdi Ouachek, pièce pour neuf interprètes (dont les chorégraphes) qui souligne les liens entre la danse hip hop et les arts du mime, d’autant plus qu’elle se réfère à Charlie Chaplin et surtout à son film Les Temps Modernes. Costumes en couleurs sépia, gestuelle précise, humaine, et sensiblement diversifiée entre styles hip hop, accents de ballet et contorsion circassienne, pour une mosaïque de tableaux nourris du vécu des interprètes, dans leur désir et leurs souffrances pour faire de la danse leur métier. Un bel hommage « à nos pas », leurs pas donc, pas de danse et pas franchis dans la vie, ainsi qu’à la diversité qui fait ce pays et sa culture chorégraphique.
L’idée de créer des événements en ligne intégrant une pièce de danse s’épanouit encore davantage à l’Institut du Monde Arabe, les samedi 5 et 12 décembre, pour Les Nuits de la Poésie, de 22h à minuit, où Mehdi Kerkouche, récemment en vedette comme chorégraphe à l’Opéra de Paris sur invitation d’Aurélie Dupont, présente Dabkeh, sa pièce basée sur cette danse traditionnelle si présente dans les civilisations arabes – pour pousser un peu plus loin le paradoxe du spectacle vivant sur écran pour un public confiné, par une manifestation de joie qui célèbre la rencontre, le groupe, la chaleur, le partage, le cercle et la danse, la main dans la main.
Et puisque Kalypso s’étend au-delà de la date de réouverture des salles, deux événements programmés à La Villette semblent finalement échapper à la vague des reports et annulations.
D’abord, la compagnie néerlandaise The Ruggeds avec Between us, une pièce hip hop pour huit danseurs, inspirée de scènes de la vie familiale et du quotidien au sein de leur groupe. Ensuite, la recréation de Boxe Boxe Brasil de Mourad Merzouki, dont plusieurs représentations ont du être annulées fin novembre et début décembre, à Sceaux et Saint-Germain-en-Laye. Cette version brésilienne (avec certains interprètes d’Agwa) du spectacle à succès créé en 2010 devrait finalement pouvoir accueillir ses spectateurs à La Villette.
Ainsi ce qui aurait dû faire bouquet final d’un festival effervescent – avec la danse hip hop au croisement du dabkeh, du burlesque et de la boxe – doit finalement seul créer l’élan qui portera Kalypso vers son édition 2021.
Thomas Hahn
https://kalypso.karavelkalypso.com/programmation
Image de preview : Dabkeh de Mehdi Kerkouche © Benoîte Fanton
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