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Grande Leçon du Ballet de l’Opéra de Lyon à la Maison de la Danse

Dans le cadre de l’Automne de la Danse conçu par Dominique Hervieu, le Ballet de l’Opéra de Lyon inaugurait, jeudi 24 septembre, le cycle des Grandes Leçons.

Premier invité des Grandes Leçons de la Maison de la Danse, le Ballet de l’Opéra de Lyon s’est montré généreux : jeudi 24 septembre, la compagnie a partagé avec le public non pas un mais deux moments successifs. À 19h, dans le Studio Jorge Donn, une passionnante séance de travail entre Rachid Ouramdane et le danseur Leoannis Pupo-Guillen a d’abord donné à voir le work in progress d’un solo en train de se faire, tandis qu’une heure plus tard, débutait dans la Grande Salle une non moins captivante répétition publique de Wings of Wax de Jiří Kylián, précédée, en bonus, de la projection de quelques savoureux extraits de VidéoDanse. 

Le solo, dont l’ouverture de soirée dévoilait une des étapes de la préparation, est destiné à s’insérer dans le programme « Danser encore » initié par la nouvelle directrice du Ballet Julie Guibert. Au cours d’une première étape de travail il y a quelques semaines, chorégraphe et interprète avaient déjà créé un canevas gestuel et scénique sur deux thèmes auxquels l’un et l’autre étaient particulièrement sensibles, le soin et la paternité. Ce deuxième temps de recherche avait cette fois pour but d’approfondir l’esquisse, en creusant progressivement le sous texte. Pour les spectateurs, nombreux et attentifs, c’était surtout l’occasion de mesurer combien la danse est affaire autant d’intention que de mouvement. Les indications données par Rachid Ouramdane ne portaient pas, en effet, sur la technique de tel ou tel enchaînement - tous parfaitement exécutés au demeurant -, mais s’attachaient à créer chez son interprète l’état mental correspondant au personnage incarné. Ce qu’il appelait « faire résonner le vide », ou encore « chercher la couleur et la qualité du mouvement », donnait peu à peu aux gestes leur vérité.

Cette subtile maïeutique transformait sous nos yeux une suite de déplacements, de pirouettes et de levers de bras en une bouleversante déambulation, au cours de laquelle un homme perdu à lui-même revient peu à peu à la vie - et à la danse, par la grâce d’un enfant réel ou imaginé. Le public avait ainsi le privilège d’assister à une véritable « conversation dansée », dont le déroulement éclairait magnifiquement le processus à la fois fort et fragile de la création (deux temps de travail sont encore prévus avant la première au printemps prochain).

Avec la seconde partie de la rencontre, une autre fenêtre s’ouvrait sur le travail du Ballet : montrer comment se transmet la danse, en l’occurrence Wings of Wax de Jiří Kylián, entré en 2019 au répertoire de la troupe, qu’un répétiteur attitré faisait répéter à de nouveaux interprètes. Centrée sur un sextet de danseurs masculins ensute rejoints par leurs partenaires féminines pour un corps à corps avec porté « à la Kylián », cette démonstration publique permettait d’admirer la virtuosité extrême du Ballet de l’Opéra de Lyon. A chaque nouvelle exécution, tous s’affirmaient plus précis, plus incisifs, corrigeant ici une direction, là un placement ou un équilibre, sans jamais perdre l’intensité du geste. De l’exercice, on passait à la danse, de la séance de travail au spectacle. Un bel avant-goût des prochaines soirées Kylián du 12 au 19 novembre à l’Opéra de Lyon, au cours desquelles seront représentés Wings of Wax mais aussi Bella Figura et Gods and Dogs. Ravi de découvrir les coulisses de la danse, le public a particulièrement apprécié ce moment très réussi - et gratuit. De quoi donner furieusement envie de revenir assister aux prochaines Grandes Leçons, consacrées au CN D de Lyon et à Mourad Merzouki, et selon le vœu de Dominique Hervieu, retrouver en toute confiance le chemin des salles. 

Isabelle Calabre

Vu le 24 septembre à la Maison de la Danse de Lyon, dans le cadre du programme L’Automne de la Danse.

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