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A Pôle-Sud, « L‘Année commence avec elles »
Ce petit festival présente cinq spectacles qui posent des questions pointues sur la féminité, sous autant d’aspects sociaux, physiques ou artistiques. Du 9 au 28 janvier.
Et à partir de cette saison, Joëlle Smadja ajoute un nouveau temps fort qu’elle place sous le signe du féminin: L’année commence avec elles a lieu en janvier et se lance avec cinq spectacles. Quand les femmes refusent de correspondre aux stéréotypes du genre… Alors l’année commence avec elles, et la liberté aussi. Le sens de ce nouveau temps fort de la saison chorégraphique à Pôle-Sud est de braquer les projecteurs sur un éventail de sensibilités vives. Et féminines. Cet ensemble de spectacles sur trois semaines aiguise le regard. Et sur l’ensemble de la saison, ce nouveau point d’orgue permet à Pôle-Sud d’atteindre la parité entre autrices et auteurs chorégraphiques.
Fanny Brouyau et Sophie Guisset
Les artistes invitées à cette première édition interrogent fortement le rapport des femmes au monde. De la poésie, du sport, etc de Fanny Brouyau et Sophie Guisset questionne l’émancipation sur un mode tragi-comique. Le sport, avec ses règles et son esprit de compétition, résume parfaitement l’emprise des codes sociaux sur l’individu, les questions autour du volontarisme, du corps, du jeu, de la solidarité. Ce duo belge humoristique se décline tel un parcours d’obstacles. La rencontre des deux s’est faite autour de questions comme « Qu’est-ce que «la féminité» pour toi ? Qu’est-ce que ce mot t’évoque comme émotions ou sensations ? T’es-tu déjà sentie emprisonnée dans ton identité féminine ? »
Caroline Allaire
Spectacle tous publics, Jusqu’à l’os de Caroline Allaire porte un titre à la résonance fort vigoureuse. Mais il fait l’entendre au second degré. D’os, le squelette humain en comporte plus de deux cents. Allaire, qui est passée du ballet au contemporain, les introduit un par un, comme pour une leçon d’anatomie ludique, faisant le lien avec le corps comme l’instrument sur lequel la danseuse ou le danseur joue ses gammes gestuelles. Et elle décortique la grammaire du corps. Jusqu’à l’os. L’institutrice chorégraphique s’adresse aux jeunes spectateurs, mais l’iconographie ravit les adultes, avec des images projetées en grand format qui proviennent de « De humani corporis fabrica…» (Vesalius, 1543).
Oona Doherty
Le solo - ou les solos - Hope Hunt & The Ascension into Lazarus ont lancé une jeune Irlandaise sur une trajectoire fulgurante : La désormais incontournable Oona Doherty. Dans cette œuvre fondatrice, elle exprime toute sa force mentale et physique, sa vision sans fard d’une réalité sociale dans sa violence et sa sentimentalité possible, sur les différences et les sentiments partagés entre les femmes et les hommes. Et on la retrouvera dans cette pièce, créée sur fond documentaire, avec d’autant plus d’intérêt que les tensions en Irlande du Nord risquent fort de se raviver.
Madeleine Fournier
Revenons donc à quelques atavismes. La vie est labeur et l’idée de labourer les champs est naturellement associée à la semence. Madeleine Fournier joue sur tout ça, renvoie à la grossesse et aux cycles et finit par une danse d’origine auvergnate, la bourrée. Essence d’une féminité intemporelle, elle fait entendre une voie féminine, la sienne. Et elle décline la danse à travers les styles et les époques, avec une netteté et une puissance formelle qui doit sa part à Bob Wilson.
Flora Détraz
Ce sont là de nouvelles voix féminines qui inventent de nouvelles voies. Comme Flora Détraz avec Muyte Maker, entre tableaux grotesques et chansons triviales. Les cheveux de la femme sont un symbole de sensualité, de séduction ou de rébellion. Ça dépend de leur longueur, de leur couleur etc. Dans Muyte Maker, ils servent à transformer les quatre danseuses-chanteuses-comédiennes en marionnettes et presque en prisonnières. Dans leur polyphonie musicale et gestuelle se pose sans cesse la question ; Manipulent-elles ou sont-elles manipulées ?
Thomas Hahn
Pôle-Sud, CDCN Strasbourg, du 9 au 28 janvier 2020
Image de preview © Bruno Simao
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