Add new comment
« Histoire de la danse et du ballet » d’Ornella Di Tondo, Flavia Pappacena et Alessandro Pontremoli
Une bonne idée de cadeau pour les fêtes et les anniversaires à venir que ce bel ouvrage richement illustré et on ne peut mieux imprimé, proposé par l’éditeur transalpin Gremese aux amateurs de danse au sens le plus large du terme.
Naturellement, il semble a priori difficile de lire d’un seul trait les plus de 400 pages sur papier glacé qui font bien leur poids pour qui voudrait le faire en position couchée et serait fragile des bronches. Mais, que ce soit à l’aide d’un chapitrage net et précis, structuré en trois blocs, « De l’antiquité au XVIIesiècle », « Les XVIIIeet XIXesiècles » et « Du XXesiècle au nouveau millénaire », dont traitent respectivement Ornella Di Tondo, Flavia Pappacena et Alessandro Pontremoli ou de celle d’un index qui synthétise auteurs, œuvres et interprètes, balletomanes et dansophiles pourront y trouver suffisamment de grain à moudre.
Qu’on le veuille ou non, les hommes de l’art trouveront toujours à redire. Ainsi, dans la partie concernant Laban et le Monte Verità, Ancône, confondue sans doute avec Côme (et son lac), est située « près du Lac Majeur » (p. 287) alors que la distance entre Côme et Ancône excède les 500 km, ce qui représente plusieurs heures de randonnée.
De même, la figure tragique de Jocaste, incarnée par Martha Graham dans Night Journey, devient « Jocastre » (p. 297), lapsus freudien s’il en est à moins que le personnage de comédie Jocrisse soit entré par effraction dans l’inconscient de l’auteur ou de sa traductrice. D’autre part, la vision italienne de l’art de Terpsichore rend justice à l’apport historique incontestable de ce pays, surtout à la fin du Moyen Âge, mais omet quelques figures ayant contribué à l’engouement pour les danses de la Renaissance et celles de la période baroque. On pense notamment au rôle de Francine Lancelot, de Michelle Nadal, de Christine Bayle, de la compagnie Ris et danceries qui n’apparaissent nulle part.
Pour ce qui est du contemporain, on a mentionné les petits maîtres en oubliant nombre de chorégraphes novateurs. Rien que pour la France, on pense notamment à Dominique Bagouet, Jean-Christophe Maillot, Thierry Malandain, Jérôme Bel, etc. La danse espagnole est inexistante puisque ni La Argentina, ni Vicente Escudero, ni La Argentinita, ni Pilar Lopez, ni Gades, ni Galvan ne sont cités. Le jazz ou « black dance » est réduit à deux-trois chorégraphes, toujours les mêmes.
Ceci dit, le parti pris « interdisciplinaire » donne un coup de jeune à ce genre d’ouvrages et permet de situer la danse dans un cadre évolutif plus large qui intègre les contextes culturel, social et politique desquels pour partie elle résulte. Compte a été tenu, nous dit-on, des archives récemment exhumées, des concepts de nos jours en vigueur, des résultats de la recherche universitaire de toute évidence plus vivace en Italie qu’en France. Surtout, pour ce qui est de la danse moderne, nous apprécions le travail de mise à jour, aussi bien des biographies que des œuvres, de la bibliographie que de la filmographie.
Nicolas Villodre
Histoire de la danse et du ballet, par Ornella Di Tondo, Flavia Pappacena et Alessandro Pontremoli, Rome, Gremese, 2019, 440 p., 42€.
Catégories: