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« Danser Pina »
Pour le dixième anniversaire de la mort de Pina Bausch (disparue en 2009), la journaliste Rosita Boisseau et le photographe Laurent Philippe ont eu la belle idée de faire parler et donner à voir vingt-quatre des interprètes historiques du Tanztheater de Wuppertal. Un beau livre à se procurer ou à offrir en cadeau à Noël !
Avec l'autorisation exceptionnelle des auteurs et celle des éditions Textuel, qui publient ce magnifique ouvrage, voici en avant-première quelques-uns de leurs témoignages.
Cristiana Morganti
J’aimais beaucoup cette habitude de Pina de nous donner des questions ou des thèmes. Je n’ai jamais eu l’impression qu’il s’agissait d’une « méthode ». Pour chaque pièce, il y avait environ cent vingt questions ou thèmes. Elle nous laissait du temps pour y travailler dans notre coin puis nous lui présentions notre idée. « Tes enseignants en danse », « Vieille Aphrodite », « Qu’est-ce qu’on pense que l’on ne peut pas penser ? ». Nos réponses étaient parfois le fruit de malentendus qu’elle adorait car ils créaient une belle et amusante anarchie !
Ensuite, nous devions peaufiner, elle sélectionnait le matériel de chacun et réduisait la liste à une trentaine de propositions. C’était une phase très difficile. Puis arrivait la période du montage et enfin, la recherche des musiques. Le processus durait plusieurs mois et entretemps, il y avait les tournées avec les autres pièces. Parfois Pina te demandait en mars de refaire une action, une petite scène, que tu avais montrée en septembre. Comme le reste de la troupe, je prenais des notes. Pina aussi écrivait tout. On comprenait vite l’importance des détails.
Je me souviens d’une sensation très forte. Lorsque j’assistais à une représentation de l’extérieur, assise au milieu du public, je trouvais toujours mes collègues magnifiques, même ceux avec qui, dans la vie privée, je n’avais pas grand-chose en commun. Et je me disais : « Mais comment est-ce possible que tu fasses partie de cette compagnie ? que demain tu sois avec eux sur scène ? » Ils me semblaient des êtres incroyables. C’était comme si Pina réussissait à mettre en évidence la beauté et la fragilité humaine de chacun d’entre nous.
Danser Pina - Rosita Boisseau - Photographies Laurent Philippe
Éditions Textuel