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« Slow Torments » de Vincent Lacoste
Le spectacle d’ouverture du festival ZOA a marqué de son sceau les espaces de La Générale. Trois installations vivantes, métaphores de la condition humaine. Solitudes et vanités.
La Générale, lieu d’expérimentation artistique particulièrement libre du 11e arrondissement parisien, a été l’endroit idéal pour le parcours Slow Torments proposé par Vincent Lacoste en ouverture de ZOA 2018. Voilà trois installations vivantes, tels trois enfers beckettiens, faits de solitudes métaphoriques et paradoxales, qui offrent au visiteur un reflet de lui-même, non sans lui poser la question d’une possible tentation voyeuriste, interrogeant en même temps sa capacité d’empathie.
Candles / Avachissements
C’est surtout vrai dans Candles où Mathias Dou, Paola Cordova et Aurélie Varrin sont perchées sur trois tabourets de bar surélevés qui n’offrent qu’instabilité et inconfort en place de la promesse de détente liée à ce type de siège. Le bar aussi est absent. Et les corps tremblent, au son d’avions, de voitures et autres fétiches de la mobilité urbaine. Ils se plient et finissent par chuter, alors qu’ils rêvaient d’envol. Après quoi il faut bien recommencer ce tour de force dantesque. On pourrait y voir trois Sisyphe. Sauf qu’ils n’ont même pas une pierre à rouler. Trois bougies humines, en prises avec la vanité. Que cherchent-ils en luttant contre leur inévitable extinction ?
L’Homme au coin
Au dernier étage de La Générale, un homme seul (Stéphane Coutras) se trouvait face à des planches, peut-être ce qui reste de sa chambre, de son miroir. L’Homme au coin : Un titre comme pour un tableau de Bacon ou de Schiele, et un supplice à petit feu, à la lisière de l’animalité et de l’infini. Ou bien s’agit-il d’une solitude contemporaine ? La mise au placard est une méthode de torture très répandue dans le monde du travail d’aujourd’hui.
Ulysse
Au sous-sol, on observa Ulysse : Un autre homme (Marc Marchand), une autre solitude, un autre vide. Le corps se plie pour se déplacer, dans un espace confiné et en même temps infini, vu qu’il n’y a nulle part un but à atteindre. Sa manière méthodique, sa quête si patiente doit, là aussi, se faire à l’idée d’éternel.
Beckett avait ses Dramaticules, où l’éternité des supplices et des solitudes est suggérée par la structure cyclique du vécu. Lacoste a désormais ses « Tormenticules », petits éclats de supplices universels, dont l’infinitude est palpable. Les Slow Torments s’étendent sur plusieurs heures, sans discontinuer. Le visiteur s’y promène comme dans une galerie, libre de choisir son enfer préféré.
Thomas Hahn
Festival ZOA, La Générale, Paris 11e, le 12 octobre 2018
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