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« Pop Life Club » de Nasser Martin-Gousset
Nasser Martin-Gousset revient sur scène et à ses amours de toujours, la pop ! Mais dans une forme dépouillée assumant son goût du dérisoire, avec de grands moments de nostalgie.
Nasser Martin-Gousset reprend là où il nous avait laissé, dans la pop. En créant Pop Life Club, il renoue avec cet univers qu’il avait déjà exploré dans un solo de référence, Pop life, créé en 2005. Paillette, gestuelle toute de déhanchés, et mélodie tirée au cordeau l’ont toujours accompagné. Même en abordant Cléopâtre (Péplum -2006), la comédie à la Blake Edward (Comedy -2008) ou James Bond (Pacifique- 2011), il n’a jamais pu s’empêcher de donner à son univers le glam coloré d’un générique de série anglaise des seventies, entre Le Saint et Chapeau melon et bottes de cuir.
Et Nasser Martin-Gousset a quitté les écrans, ceux des programmateurs danse en tout cas. Jusqu’à ce qu’il revienne, avec discrétion, en solo, presque bricolé pour une petite demi-heure de confessions musicales et toujours avec la pop-music, les lunettes over-sized et le goût d’une danse nourrie de tout l’esprit des clubs. Pop Life, c’est la rêverie solitaire d’un amoureux du trente-trois tours et des pattes d’eph.
Un stand de DJ, avec platine et pile de disque, un projecteur pour les pochettes des albums qu’au fil de sa fantaisie il vient choisir dans la pile de ses amours musicales. Il tâtonne à mettre lui-même les vinyles, hésite sur l’ordre de passage et sur les enchaînements. Allez, commençons par les Carpenters, avant Elvis Costelo ou les Beatles. Toujours des extraits, à même l’album original, agrémenté de commentaire en forme d’autobiographie dérisoire et support d’une danse qui n’oublie jamais de se moquer d’elle-même.
Car le garçon si pop et glam a vieilli. Il le sait, il le danse. Son drôlissime grand écart hasardé, sa variation à la canne, jusqu’à la tentative de solo de trompette pour accompagner un extrait de This guy in love with you de Herb Alpert (le monsieur garde quand même le sens de la référence sophistiquée), tout traduit le temps qui passe et la nostalgie sous le jour d’une culture populaire qui s’estompe dans les mémoires.
En cela, avec des moyens minimalistes et un goût indéniable de la dérision, ce Pop Life répond avec tendresse au Syndrome IAM (2016) de Christian Rizzo, il s’agit dans l’un et l’autre cas de retrouver l’écho dans les corps de danseur des cultures musicales évanouies. Mais, tout à la légèreté pop, Nasser Martin-Gousset, ne saurait le déplorer et s’appesantir et l’hommage goguenard autant qu’attendri au Cloclo d’avant le disco vaut comme ultime pied de nez à toute tentative de se prendre au sérieux.
Philippe Verrièle
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