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Tout commence dès le commencement. Meg Stuart et son équipe sont là pour nous recevoir, pas en tant que public mais en tant que spectateurs participants. Il y a un mot, un geste pour chacun, comme pour une cérémonie. S’installe une ambiance festive, discrètement dionysiaque, où l’opulence des parures et des costumes suggère rapidement une sorte d’orgie, sans mets ni boissons, mais dans une transcendance lumineuse, portée par des boucles célestes de la guitare électrique. Ainsi charmé et emporté, on n’a aucun mal à s’ouvrir au merveilleux. Tissus, accessoires de mode et de fantaisie, jeux de lumières et de sons, corps qui se taquinent ou se métamorphosent, tout se décline sur un fil d’Ariane. Au résultat, quand la Toison d’or tombe dans une cour de récré, elle ne perd rien de son éclat.

 

Il est rare de voir la sobriété contemporaine développer un lien aussi intense avec l’animalité et la mythologie. Une énergie secrète mais bien palpable tisse un lien permanent entre le réalisme des situations et le récit de notre civilisation. Il doit s’agir de l’esprit créateur et de sa liberté, tant le sentiment d’émerveillement devient un état permanent qui se transmet au public. Et le spectateur participe à un happening, plutôt que d’assister au numéro X ou Y d’une série de représentations d’un spectacle reproductible. Cet événement surgit sur le moment, grâce à une énergie, une conscience et une mémoire collectives. Il est vrai que Meg Stuart n’est pas une inconnue dans le microcosme des adeptes de l’improvisation.