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« Una Oda al tiempo » de Maria Pagés
Présenté à l’Espace François Mitterrand de Mont-de-Marsan en ouverture d’Arte Flamenco, le nouveau spectacle de Maria Pagés, dont la première en France avait eu lieu les 18 et 19 juin aux Arènes de Fourvière, était un parfait cadeau d’anniversaire pour une manifestation qui fêtait cette année ses trente ans [lire notre article]. La pièce de la grande danseuse sévillane, par ailleurs une fidèle du festival, portait en effet, comme le souligne son titre, sur le temps, la durée et la façon dont s’inscrivent dans la mémoire et sur les corps les saisons d’une vie humaine. Une réflexion en phase avec les interrogations personnelles d’une artiste de cinquante-quatre ans qui, au delà de son propre vécu, questionne également l’évolution d’une danse dont elle est l’une des plus belles figures.
Photos : Dpt40/SZAMBON
Le résultat est une pièce riche et foisonnante séquencée en une succession de tableaux, pour certains époustouflants, portée sur scène par une troupe d’interprètes au sommet, au premier rang desquels Maria Pagés elle-même. Entourée de huit danseurs et de sept musiciens, elle rayonne tout au long de la soirée d’une aura à la fois sombre et puissante, comme l’incarnation de cette tradition flamenca dont le festival landais est devenu en trois décennies l’un des ports d’attache. Revisitant les différents thèmes qui s’expriment dans les chants (palos), la chorégraphie alterne les moments de joie et de tristesse, d’exaltation et de mélancolie, de solitude et de fraternité, fidèle à un art qui « peut tout exprimer ».
Photos : Dpt40/SZAMBON
Entre le premier cri du printemps et le dernier chant de l’hiver, devant le balancier d’une pendule géante figurant tour à tour la lune ou le soleil, se déploient tous les types de flamenco : du très classique, avec robes à traîne froufroutantes, tournoiement et zapateado saccadé, au plus contemporain, en passant par les scènes de tablao (taverne), les ensembles virtuoses, et une impressionnante danse du châle sur l’Été extrait des Quatres Saisons de Vivaldi.
Visuellement éblouissante, cette démonstration est aussi la traversée de l’âme d’un peuple, et celle d’une culture à la fois transmise et réinventée, nourrie de l’héritage du passé comme des inventions du présent. Fidélité et renouvellement, à l’image d’un festival qui a accueilli, au fil de ces trente dernières années, tout ce que la planète flamenca compte de noms illustres et de talents nouveaux comme le rappelait l’exposition Instantanés, 30 ans de festival Arte Flamenco vus par les photographes, présentée en parallèle au musée Despiau-Wlérick.
Isabelle Calabre
Le 2 juillet 2018, Festival Arte Flamenco 30e édition, Mont-de-Marsan
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