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Bruno Beltrao : CRACKz

Avec ses personnages robotiques et pourtant chargés de fureur et de violence,  CRACKz  montre un hip hop en état second qui évoque une fission nucléaire. Dans ce réacteur chorégraphique, les danseurs sont des neutrons, certes libérés mais obéissant à des lois intrinsèques. Leur force de cohésion, de frottement et de rotation induit un réchauffement considérable. L’énergie contenue dans ces éléments projetés à travers l’espace explose soudainement, presque subrepticement, quand quelque chose craque à l’intérieur, porté par des boucles électroniques et polyphoniques qui maintiennent un suspense permanent.

En effet, Beltrao ne s’est jamais coupé de l’idée de représenter sur scène la tension vécue au quotidien dans les favelas. Il change la manière de la mettre en mouvement, c’est tout. La rotation est la colonne vertébrale de cette pièce apparemment abstraite. On sait que les B-Boyz aiment à tourner sur le dos ou sur un poignet. Ici, ils pivotent sur une jambe et un bras à la fois et ressemblent à des kobolds. Car il y a de la break dance dans Crackz  et la fluidité de la capoeira assure la cohésion. Soit. Mais la charge explosive vient d’un défi posé frontalement, les bras tendus au maximum, le buste gonflé ou rentré, le corps ouvert ou renfermé, c’est selon. Il arrive que toute la décharge se concentre sur les muscles de l’abdomen qui tremble brièvement, alors que le reste du corps se fige. De fait, ces soubresauts imprévisibles de CRACKz  sont plus proches du krump que du hip hop.

Beaucoup de choses ont changé depuis la première de CRACKz  à Bruxelles, au festival Kunsten, en mai 2013. A Paris, au Centquatre, on a découvert que l’ajout de « Dança morta » au titre a disparu et la lumière est apparue sur scène. La danse macabre est sortie de l’ombre. Ici, le changement c’est tout le temps, et ça fait partie du concept. Cette pièce est appelée à évoluer comme si elle se transmettait par ouï-dire, comme si l’idée de départ, à savoir celle de copier le matériau chorégraphique sur internet, allait se reproduire comme sous une photocopieuse. Aussi, le résultat évolue d’une tournée à l’autre. L’idée même d’un original ou d’une vérité dansable s’en prend un coup et se met à vaciller. CRACKz introduit une prise de conscience façon loi Hadopi dans le hip hop. Car au Brésil, les chorégraphes qui portent leurs danses urbaines vers l’Europe sont des penseurs et leurs chorégraphies, des interrogations vivantes. Nulle part dans le monde le hip hop est aussi conceptuel qu’au Brésil. Mais il n’en perd rien de son énergie, puisque le Brésil sera toujours le Brésil…

Thomas Hahn

Festival d'Automne - Le Centquatre

http://www.festival-automne.com/bruno-beltrao-spectacle1611.html

En tournée
L'apostrophe, scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val-d’Oise

L’apostrophe - Théâtre des Louvrais
Adresse : Place de la Paix / Pontoise
RER A Cergy-Préfecture
http://www.lapostrophe.net/

29 novembre 20h30 au Théâtre des Louvrais
8€ à 19€ // Abonnement 5€ à 14€
Théâtre de la Ville

Adresse : 2, place du Châtelet – 75004 Paris
Métro : Châtelet-RER : Châtelet-Les Halles
www.theatredelaville-paris.com

3 au 6 décembre 20h30
16€ et 26€ // Abonnement 16€
Théâtre Louis Aragon

Adresse : 24, boulevard de l’Hôtel de Ville – 93290 Tremblay-en-France
RER B Vert-Galant
theatre.aragon@tremblayenfrance.fr
www.theatrelouisaragon.fr

7 décembre 20h30
10€ à 17€ // Abonnement 10€ et 11€

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