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Chaillot 2018/19 : Les temps forts de la programmation

Le Japon, la Batsheva et six grandes compagnies sont les piliers d’une saison intitulée Tous Humains.

Placée sous l’enseigne des 70 ans de la signature de  la Déclaration universelle des droits de l’homme la saison 2018/19 de Chaillot - Théâtre National de la Danse est placée sous la devise Tous Humains. En chiffres, il y aura 43 spectacles - dont 28 produits ou coproduits - et 226 levers de rideaux pour plus de 1.100 artistes et techniciens. Sur les plateaux des salles Jean Vilar et Firmin Gémier se succéderont 17 compagnies internationales venant de 11 pays et huit CCN français.

« Tous Japonais »

Il y a toujours eu des temps forts ponctuant les saisons à Chaillot, et 2018/19 ne fait point exception. Par contre, les séries sont cette fois placées en ouverture. La saison sera lancée par une première française, en collaboration avec le Festival d’Automne : Il y aura du Kabuki à Chaillot, avec la compagnie Shochiku, renforcée par deux virtuoses invités. Le focus Tous Japonais inclut aussi une rencontre hip hop avec Kader Attou, Jann Gallois et les danseuses de la compagnie Tokyo Gegegay ainsi qu’une adaptation de L’Idiot de Dostoïevski par Saburo Teshigawara. Ces spectacles s’inscrivent également dans le cadre de la saison Japonismes 2018 qui célèbre les 160 ans de relations diplomatiques entre le Japon et la France.

« Tous Gaga »

Deuxième temps fort à caractère diplomatique, la présence de la Batsheva avec Ohad Naharin fait partie de la Saison France-Israël 2018. Quatre chorégraphies de Naharin, dont deux pour la compagnie principale et deux pour le Young Ensemble de la Batsheva, et une journée L’Artiste en son monde avec Naharin, atelier Gaga inclus. D’où le titre du focus : Tous Gaga.

Et pourtant, on ressent des tensions. Les dizaines de Palestiniens morts sous les balles de l’armée d’Israël, la veille de l’annonce du programme de saison de Chaillot, n’ont pas laissé Didier Deschamps sans frémir. Et quand une saison s’inscrit dans le rappel des droits de l’homme, la dissonance est indéniable. Mais on sait que Naharin, justement, a créé des scandales en Israël, en raison de son opposition à la politique gouvernementale. Et il participera à la Veillée de l’humanité, le 10 décembre. « Il faut soutenir les artistes israéliens puisqu’ils s’opposent chez eux à la politique du gouvernement », insiste Didier Deschamps.

« Tous Humains »

Le troisième temps fort est international, voire intercontinental, et donc chorégraphiquement très hétérogène. Mais il ne saurait en être autrement. Le rassemblement dans la diversité en est le sujet-même. Lia Rodrigues, Annabelle Bonnéry et Rachid Ouramdane présentent ou créent leurs dernières pièces. Ouramdane associe les danseurs professionnels de sa compagnie à une cinquantaine d’enfants migrants. Bonnéry vient de présenter à Chaillot Two, seul, inspiré de son voyage au Burkina Faso et de sa rencontre avec le contre-ténor Serge Kakudji. Elle crée, avec Kakudji, Paysage d’ensemble, une fresque faite de danse, musique et d’arts plastiques, issue de leur travail avec les habitants de la Goutte d’Or.

Les artistes associés

Lia Rodrigues crée une nouvelle pièce, également inscrite dans le cycle Tous Humains où la Brésilienne s’insurge contre la recrudescence d’assassinats de personnes de couleur noire dans les favelas de Rio, dont elle est témoin depuis son école de danse dans la favela de Maré. Dans ce spectacle, au titre provisoire de Furia, Rodrigues revient à la configuration frontale.

Nouvel artiste associé à Chaillot, Emanuel Gat vient présenter sa création 2018 dont la première  aura lieu au Festival d’Avignon. Story Water est une pièce pour 12 danseurs et 13 musiciens de l’Ensemble Modern de Francfort.

Avec Grito Pelao, Rocío Molina crée un nouveau solo dans lequel elle met en jeu son désir de maternité, alors qu’elle sera à Chaillot en juin 2018, à la fois en création et en train de devenir mère. Elle donne ainsi forme à une interrogation sur la maternité et invite sa propre mère à danser dans ce spectacle qu’elle partage avec la chanteuse Silvia Pérez Cruz.

Solo de Philippe Decouflé est un classique du chorégraphe, une mise en abyme de lui-même par l’image et son regard sur lui-même. Il revient ici sur cette mise en pièce doucement ironique de lui-même, seize ans après la création. Une sacrée aventure!

Grands ensembles et chorégraphes invités

« Nous aimons les compagnies aux grands effectifs qui permettent aux chorégraphes contemporains de faire des expériences précieuses », rappelle Didier Deschamps.

La nouvelle saison présente Le Ballet de Lorraine avec la soirée Plaisirs inconnus où les auteurs des pièces restent anonymes pour permettre au spectateur de se libérer de tout préconçu. « J’avoue que dans un premier temps, quand Petter Jacobsson m’a demandé de coproduire le spectacle, je n’ai pas été convaincu par le concept et j’ai renoncé. Heureusement a-t-il trouvé d’autres coproducteurs car le résultat est excellent. Et à Chaillot, nous ne sommes pas têtus », déclare Deschamps, avec un clin d’œil.

Le GöteborgsOperans Danskompani, précédemment vu à Paris dans des chorégraphies de Sidi Larbi Cherkaoui et Alan Lucien Øyen, illustre parfaitement la réflexion introductive, en proposant cette fois à Damien Jalet, fameux interprète et co-directeur chez Cherkaoui, une création pour 17 danseurs: Skid. « La pièce est brève mais tellement forte que nous n’avons pas voulu la présenter dans une soirée partagée », explique Deschamps.

Au Ballet de l’Opéra du Rhin, pour la première fois à Chaillot, se déroule une expérience toute particulière. C’est Radhouane El Meddeb qui travaille avec la compagnie pour un Lac des Cygnes qui promet de ne ressembler à aucun autre.

On tombera ensuite par deux fois sur le nouveau prodige du ballet allemand, le chorégraphe Marco Goecke. D’abord, par son duo L’Oiseau de feu, sur la musique de Stravinski, crée avec la Sao Paulo Dance Company qui présente notamment une création de Joëlle Bouvier pour quatorze danseurs.

Goecke revient ensuite avec le Nederlands Dans Theater et une pièce pour onze danseurs, Wir sagen uns dunkles. C’est en fait le NDT 2, le jeune ensemble, qui présentera également une création du Suédois Alexander Ekman, très remarqué dernièrement avec Play à l’Opéra Garnier, et une pièce des directeurs du NDT, Sol Leon et Paul Lightfoot.

Wir sagen uns dunkles -  NDT 2

Et il faut désormais compter, dans le cercle des grands ensembles à chorégraphes invités, le Tanztheater Wuppertal. Sous sa nouvelle directrice Adolphe Binder, la compagnie fondée par Pina Bausch entre dans une nouvelle ère et invite Alan Lucien Øyen, si à l’aise entre danse et théâtre, à faire jaillir le talent des anciens et nouveaux membres de cet ensemble en pleine mutation.

Les CCN français

Outre Kader Attou (CCN La Rochelle), Emanuelle Vo-Dinh (CCN Le Havre), Rachid Ouramdane, Maud Le Pladec (CCN Orléans), Alban Richard (CCN Caen) et les Ballets de Lorraine et du Rhin, celui d’Angelin Preljocaj fera escale face à la Tour Eiffel avec sa nouvelle production, Gravité, où il sera question de rapport au poids et à la force gravitationnelle. Cette pièce marque un retour de Preljocaj à la recherche chorégraphique fondamentale, sans partir d’un fil narratif.

Thomas Hahn

Image de preview : Charles Fréger, artiste associé à Chaillot-Théâtre national de la Danse

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