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« Monstres /on ne danse pas pour rien » de DeLaVallet Bidiefono

La création formidable de l’artiste africain au Festival Instances de Chalon-sur-Saône incarne la vitalité de la création contemporaine congolaise.

DeLaVallet Bidiefono, né dans les années 80 à Pointe-Noire, au Congo commence par être chanteur avant de s’intéresser à la chorégraphie qu’il apprend en autodidacte. En 2001, il s'installe à Brazzaville et fonde la Compagnie Baninga. Artiste engagé dans la vie artistique de son pays, DeLaVallet a par ailleurs collaboré avec les metteurs en scène David Bobée et David Lescot ou avec le dramaturge Dieudonné Niangouna. 

Après Au-Delà, créé au Festival d’Avignon, Monstres /on ne danse pas pour rien quitte les tourments de la guerre pour raconter un autre combat. Celui de construire son rêve, un lieu dédié à la danse à Brazzaville. Avouons-le, nous n’étions pas convaincu qu’un tel sujet se prêterait à une transcription scénique. C’était méjuger du talent de DeLaVallet. Dix danseurs et quatre musiciens multi-instrumentistes s’engagent dans la danse avec une énergie « monstre ». Ici, on ne chôme pas, il s’agit de construire l’avenir.

Dans un décor d’échafaudages qui portent les musiciens, femmes et hommes lancent leurs corps dans la bataille. Au rythme des percussions, de la guitare, de la basse et du chant, se forment des unissons comme autant de lignes de force pour faire avancer le chantier et, dans un même mouvement, la chorégraphie.

Vitale, très physique, avec une violence qui affleure mais ne se déchaîne pas, la danse jouxte parfois la transe. Ce sont des corps combattants, qui piétinnent le sol et boxent l’air, sautent avec obstination, déployant une danse puissante, une danse de résistance, et nous rapellent l’acharnement qui a été le leur pour faire surgir ce Centre Baning’Art, construit de leurs propres mains, inauguré en décembre 2015.

Galerie photo © Christophe Pean

Rébecca Chaillon, performeuse d’exception d’origine antillaise, qui vient s’ajouter à la troupe, porte de la voix et du geste un texte d’une force peu commune. Elle raconte, la vie, la mort, le sexe et la condition noire avec un cran inouï, une effronterie assumée, un bagout ahurissant. Il y a du Taubira dans Rébecca. Et il faut une sacrée force à ses partenaires pour s’imposer à ses côtés. Au-delà, du lieu, des personnages, ou plutôt des personnes sur le plateau, c’est une esthétique empreinte de la résistance aux monstres qu’impose la dictature qu’affirme DeLaVallet Bidiefono. Une pièce sans concession, ambitieuse, car porteuse de l’espoir de toute une jeune génération d’artistes africains.

Agnès Izrine

Vu le 16 novembre au Festival Instances, Espace des Arts Hors-les-Murs, Port-Nord Chalon-sur-Saône

En Tournée

Le 16 janvier 2018 au Grand R, La Roche-sur-Yon

Le 19 janvier 2018 au Théâtre de Saint-Nazaire

Les 22 et 23 janvier 2018 au Grand T, Nantes

Le 31 janvier 2018 à TANDEM, Hippodrome de Douai

Le 2 février 2018 au Théâtre Romain Rolland, Villejuif

Le 6 février 2018 à la Halle aux Grains, Blois

Le 8 février 2018 à la Faïencerie, Creil

Le 20 février 2018 au Manège, Maubeuge

Le 23 février 2018 aux Salins, Martigues

Les 22 et 23 juin 2018 à la Grande Halle de la Villette, Paris

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