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3 questions à... Claude Brumachon
Pourquoi Chorégraphier aujourd'hui ?
C’est une nécessité, une urgence. C’est le charbon dans la locomotive qui me pousse en permanence. Le geste d’une personne dans la rue, un regard dans un bar… me font partir dans des nébuleuses sans fin. Comme une vibration, un sentiment en amont du désir, une nostalgie d’animalité perdue. Ça me prend pendant la nuit. C’est organique, naturel et totalement involontaire. Mais quotidien. J’en ai besoin.
Le jour où je ne ressentirai plus cette urgence j’arrêterai.
Selon vous quel est le plus grand chef d'œuvre de la danse ?
Pour moi il n’y en a pas un, mais plusieurs et selon les moments. Enfin. Ce sont des pièces qui m’accrochent, m’entraînent ailleurs.
J’ai adoré Jérôme Bel de Jérôme Bel. Ça donne les clefs du maintenant. Quand je l’ai vu, je ne comprenais pas ce mouvement – que l’on a appelé « non danse » – et cette œuvre m’a permis d’entrevoir ce qu’ils cherchaient. Et merci. Cette problématique du corps sur scène, en tant que tel, en tant que présence comme danse. Et pourquoi pas ? Ça m’a ouvert de nouvelles perspectives très loin de moi. Ça m’a appris la tolérance et dans ce sens, la notion de chef-d’œuvre est importante.
Turba de Maguy Marin. Je suis sorti en me demandant ce que je venais de voir. La trace du geste, le non oubli du geste… Quelle force peut avoir cette chorégraphe pour arriver à cette chose sur scène qui n’est plus vraiment de la danse mais est absolument de l’ordre de la danse.
Et celle qui m’a le plus troublé récemment c’est Political Mother d’Hofesh Shechter. Elle m’a énervé, mais elle m’a marqué. Elle m’a renseigné sur la danse d’aujourd’hui. Elle m’a ouvert des champs de vision nouveaux. Parce que je viens de la fin des années 80. J’en suis sorti plein d’énergie, plein d’envies…
Quel est le chef-d'œuvre qui vous endort ?
Le Lac des cygnes de Mats Ek. Je suis passé à côté. J’y étais allé plein d’enthousiasme et de désir. Et c’est tombé à plat. Je me suis demandé s’il y avait des clins d’œil à une technique, du 3e degré que je n’avais pas saisi. Mais j’ai senti quelque chose de l’ordre de l’entre-soi qui m’a laissé au bord de la route.
Propos recueillis par Agnès Izrine
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