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Lyon, Sens Dessus Dessous, grâce à la danse
Le festival Sens Dessus Dessous est organisé par la Maison de la Danse à Lyon, du 8 au 15 mars: La danse comme sismographe des crises.
Dans un monde qui se la joue de plus en plus sens-dessus-dessous, comment nier la pertinence d’un festival qui se met à l’écoute des secousses politiques et sociétales ? Comme dans une fuite en avant, certains chorégraphes vont au plus près des impacts et des ravages, causés par les puissances militaires, policières et financières qui s’affrontent au détriment des plus fragiles des habitants. .
Patricia Apergi va au plus près des sans-abris vivant dans les rues d’Athènes, victimes de la crise financière, victimes concrètes aux vies menacées par une crise abstraite: Cementary, comme un cimetière à ciel ouvert, entre les habitations de la ville.
Dans une création pour sept danseurs et un musicien, Serge Aimé Coulibaly rend hommage à Fela Kuti, star et rebelle de la musique nigériane, inlassable défenseur des victimes des conflits géopolitiques dans son pays, prisonnier politique, fondateur de l’utopie de la Kalakuta Republic , ressuscitée dans cette création éponyme.
Heddy Maalem reprend son spectacle le plus agitateur et agité, Eloge du Puissant Royaume, titre directement inspiré du sigle krump: Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise, danse née dans les ghettos de Los Angeles et inspirée des royaumes d’Afrique. Cinq krumpeurs expriment leur rébellion, puissamment chorégraphiée par Maalem.
« Je chante pour mes amis massacrés! »: Dorothée Munyaneza, danseuse et chanteuse rwandaise ayant collaboré avec François Verret et Alain Buffard, vient avec son récit authentique du génocide rwandais de 1994 où elle relate ce qui arriva à elle et sa famille, ou à ses amis, assassinés ou bien rescapés, la peur au ventre. Mais au lieu d’appuyer, elle s’envole, portée par l’énergie vitale qui l’emporte sur les énergies destructrices. Le titre de sa pièce reprend le titre d’une émission de radio rwandaise, diffusée les samedi soirs pour danser et chanter avec les amis. On en retrouve l’ambiance sur le plateau.
Deux rencontres thématiques permettent d’échanger et d’approfondir le regard sur les drames au cœur de ces pièces. L’une, sur le génocide des Tutsis au Rwanda, l’autre sur la question: « En quoi l’art témoigne des secousses du monde contemporain? »
Plus en distance par rapport aux violences, et pourtant à leur écoute, d’autres chorégraphes cherchent de nouveaux langages métaphoriques du corps. Dans Minuit, Yoann Bourgeois met en scène la légèreté, la fugue, la fuite et le désir de liberté par rapport à la gravité, dans une série de trois performances.
Ashley Chen, issue de la compagnie de Merce Cunningham, passé par le Ballet de l’Opéra de Lyon, crée avec le chorégraphe irlandais Phillip Connaughton, une pièce sur la collision de deux corps dans l’espace. Whack !! surprend avec un regard empreint d’humour, à l’opposé de la grâce qui se dégage des envole chez Bourgeois. Whack !! parle de chute, d’atterrissage et de douleur. Et c’est drôle comme chez Buster Keaton.
Thomas Hahn
http://www.maisondeladanse.com/programmation/saison2016-2017/festival-sens-dessus-dessous
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