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Prix de Lausanne : Yohan Stegli, coacher en contemporain
Atout majeur du Prix de Lausanne, dont Harlequin Floors est partenaire, les séances de coaching par des professeurs émérites sont l’un des moments forts de la folle semaine de Lausanne. Comment, en trois jours, aider un jeune artiste à parfaire son interprétation ? Tel est l’enjeu, relevé brillamment cette année par Yohan Stegli pour les variations contemporaines des garçons.
Adjoint au directeur artistique du National Youth Ballet of Germany de John Neumeier, Yohan Stegli a lui-même concouru, et remporté un prix à Lausanne. C’était en 1998, alors que le Français était, depuis trois ans élève à la Hamburg Ballettschule de John Neumeier. Signe du destin, il avait alors dansé l’une des variations de Yondering, qu’il est aujourd’hui chargé de faire répéter aux candidats. Entre temps, après une carrière de soliste au sein du Ballet de Hambourg jusqu’en 2011, le danseur s’était mué en maître de ballet et assistant artistique de Kevin Haigen, directeur du Youth Ballet créé en 2011. Cette familiarité avec les jeunes talents et sa parfaite connaissance du répertoire de Neumier transparaissent dans la façon sensible dont il aborde son rôle à Lausanne.
12 solos de Neumeier
Les candidats ont eu à choisir parmi six variations de John Neumeier, auquel le 45e Prix de Lausanne rend en hommage au chorégraphe en reconnaissance notamment de son dévouement à l’égard des jeunes danseurs. Sont proposées, pour les garçons :
Le Sacre, sur la musique de Stravinski
Nijinski, sur la musique de Chostakovitch
Spring and Fall, sur la musique de Dvorak
Vaslaw Gigue, sur la musique de Bach
Wrong Note Rag, sur la musique de Bernstein
Yondering, sur la musique de Foster.
Et pour les filles - coachées par Laura Cazzaniga, maître de ballet au Hamburg Ballett :
A Cinderella story, sur la musique de Prokoviev
Préludes CV, sur la musique de Lera Auerbach
Bach Suite II, sur la musique de Bach
Nocturnes, sur la musique de Chopin
Requiem, sur un chant grégorien
Vaslaw, sur la musique de Bach.
Une présence active
Sur la scène du théâtre Beaulieu, Johan Stegli observe attentivement les garçons des groupes A (15-16 ans) et B (17-18 ans). D’abord au parterre, pour une première vue d’ensemble, puis sur le plateau, à leurs côtés, pour reprendre un mouvement ou éclairer une intention. Il détaille un geste du buste, redresse une ligne du corps. La reprise de la variation, après une première série de corrections, est indéniablement plus souple, plus légère. tJuste, sans forcer le trait.
Donner l’esprit
« On arrive trop tard pour pouvoir vraiment faire des miracles », regrette-t-il. « En deux séances individuelles d’une dizaine de minutes, il est très difficile d’infléchir un travail répété depuis plusieurs semaines. Mon rôle est surtout de leur faire prendre conscience que chez Neumeier, tous les pas naissent d’une intention émotionnelle. J’essaie aussi de les faire travailler sur les liaisons, difficiles à appréhender à partir d’une simple vidéo, de leur donner quelques idées pour les faire réfléchir. »
Reprendre les priorités
Concernant la technique, son intervention est encore plus délicate. « Mais j’essaie aussi de leur apporter du nouveau », assure-t-il. « Certes, si on veut être perfectionniste, il faudrait beaucoup plus de temps, pour tout le monde. Mais il y a néanmoins un certain nombre d’élèves visiblement mieux préparés. » En fait, lors de ces séances brèves mais intenses, celui qui est jugé n’est pas l’élève, mais plutôt le professeur qui l’a formé. « Si les priorités ne sont pas les bonnes », estime Johan, « j’essaie de les corriger. »
Évaluer la progression
Bien sûr, tout dépend ensuite de la façon dont réagit le danseur. « Certains sont au taquet », décrit Johan, "en ‘mode Lausanne’ ! La moindre correction a un impact immédiat, ils assimilent très vite et en font tout de suite leur miel. D’autres sont plus lents, mais mûrissent les remarques en profondeur, de façon définitive. Cette capacité à réagir au mieux fait aussi partie des qualités indispensables d’un bon professionnel. C’est cela aussi que le jury va regarder et estimer. D’où l’importance, pour moi, de leur donner le maximum ! »
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