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Faits d’Hiver : « Monstres indiens » de Sarah Crépin
La compagnie La Bazooka présente une amazone sioux dans un dispositif scénique époustouflant.
Monstres indiens invite son public dans l’un des dispositifs les plus étonnants jamais créés pour la danse. Dans le magic mirrors de La Bazooka, installé pour l’occasion sur le plateau du Théâtre Paris Villette, la magie visuelle opère par un jeu de reflets à 360°, créant un espace virtuel de grande profondeur, peuplé des klones de Sarah Crépin.
Ce qui se passe ici est proprement singulier: Ne pas voir l’interprète d’une pièce, et pourtant en percevoir le reflet, par centaines. En être entouré, tout en voyant cette amazone sioux par devant, par derrière et par les côtés en même temps. C’est l’entourer à son tour, l’entourer de son regard, individuellement, sans même déplacer ses deux yeux, alors que le public, collectivement, entoure la danseuse, tout en lui tournant le dos.
Dans cette scénographie ingénieuse, savante et ludique, Crépin devient le monstre, au sens forain du terme. Démultipliée par centaines, elle est la forêt dans laquelle elle monte à dos d’un cheval imaginaire, lutte contre éléments ou adversaires et s’adonne à la transe. Elle peuple l’espace qu’elle crée et incarne, et bien sûr, elle danse. Et cette danse aussi se reflète en elle-même, elle devient la raison d’être de ce rêve d’enfance, retrouvé.
La squaw rêvée par elle-même fête sa fusion avec la nature, juste derrière les têtes des spectateurs, installés en deux cercles de transats. Sons de la forêt, branches vertes et des plumes sur le corps de la danseuse, qui plonge sa peau dans l’imaginaire du Far-West, comme tous les enfants (ou presque).
Ce voyage à travers les dangers et les fantasmes plus ou moins sensuels de la forêt se termine pourtant dans les bras d’un gros lapin blanc. C’est vrai, il n’y a pas que les Indiens dans l’imaginaire des enfants. Même les plus curieux et les plus courageux d’entre eux ont besoin d’un protecteur, puisque nous ne vivons pas au Pays des Merveilles.
Thomas Hahn
Vu le 21 janvier 2017 au Théâtre Paris Villette, 19e édition de Faits d’Hiver
Monstres indiens
Mise en scène : Etienne Cuppens
Interprétation et réalisation chorégraphique : Sarah Crépin & Claire Laureau
Réalisation décors : Vincent le Bodo assisté de Joël Cornet, Barbara Cuppens, Pascale Le Bodo, Alexandre Xenakis
Création lumières : Christophe Olivier assisté de Benjamin Lebrun
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