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La revue est un genre qui envahit de plus en plus le monde de la danse, que les chorégraphes thématisent leur choix (Choré de Jean-Christophe Maillot) ou pas (Les Nuits d’Angelin Preljocaj). Mais monter une revue non déclarée en début de carrière ? Etienne Béchart et quatre autres danseurs issus du Béjart Ballet Lausanne, ayant fondé la compagnie Opinion Public, présentent, avec « Bob’art », leur troisième création commune. Elle paraît décousue ? C’est volontaire. Ce  Bob’art se décline en plusieurs tableaux à travers danse contemporaine conventionnelle, tragédie déclamée, défilé de mode, danse ouvrière en bleu de travail ou burlesque à la manière des phoques, toujours au deuxième degré bien entendu, pour culminer dans le « Boléro » de Ravel persiflé car chanté a capella et en borborygmes, une coupe de champagne à la main. La bonne société tombe le masque et amorce une orgie, inspirée du Boléro de Béjart. Le tout se veut une critique de la société et de la décadence du microcosme culturel. Il y a de quoi faire, mais la satire, si justifiée soit-elle, exige une compréhension de son sujet au-delà de la pure réflexion ou de l’indignation. Et la revue, même née dans une idée de révolte, reste une forme qui exige qu’on maîtrise l’art du divertissement. L’humour est une bonne piste, mais elle est ici juste amorcée. Trop de discours tue le discours et un excès d’éclectisme n’est pas encore une critique efficace de l’élitisme. Reste qu’il y a chez Opinion Public des interprètes de qualité et des intentions qui ne demandent qu’à se rencontrer sur des terrains plus stables, pour des actes de subversion véritable.

Thomas Hahn

13 septembre 2013  Festival Le temps d’aimer, Le Casino Biarritz