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Séoul : Ouverture du Seoul Dance Center
Aux abords de Séoul, un centre d’art est désormais entièrement consacré à la danse. Avec six grands studios et des appartements pour les artistes en résidence, il dispose aussi d’espaces en extérieur qui permettent de présenter des travaux.
C’est par la volonté de Jaehoon Choi, son directeur, que l’ancien Hongeun Art Creative Center, ouvert en 2011, un centre pluridisciplinaire incluant déjà des studios de danse, a été remodelé et rénové. « Beaucoup de jeunes chorégraphes ont envie de créer, mais le paysage est sous contrôle des professeurs de faculté qui les empêchent d’exprimer leur talent. Au Seoul Dance Center ils pourront enfin mener leurs recherches en toute liberté et créer leurs premières chorégraphies », dit Choi. Un tel soutien existait cependant déjà depuis 2011 dans les mêmes lieux, mais sera maintenant renforcé.
Le Seoul Dance Center, qui fonctionne avec quatre emplois à plein temps, dispose d’un budget artistique d’environ 180.000 euros par an et lance plusieurs programmes de soutien aux chorégraphes coréens et internationaux. Choi veut aussi soutenir en particulier les artistes chorégraphiques coréens qui ont émigré et travaillent au sein de compagnies de danse contemporain en Europe ou ailleurs: « Ces artistes ont peu de possibilités de montrer leur travail en Corée, alors qu’ils pourraient apporter à la communauté de la danse en Corée un large éventail d’expériences et de créativité. »
Le Seoul Dance Center - Galerie photo © Thomas hahn
Echanges internationaux
C’est donc par des échanges avec le reste du monde, ciblant les jeunes chorégraphes, que Choi entend diversifier le paysage chorégraphique. Le Seoul Dance Center travaillera en réseau avec le Kyoto Arts Center, Kampnagel K3 de Hambourg et le centre Movement Research de New York qui collabore avec la Judson Church. Un partenaire français n’est cependant pas en vue.
Dans le cadre du programme Open Call, les premiers artistes en résidence sont internationaux, pour des résidences d’un à trois mois. L’une d’eux est Alina Bilokon de Pilot Fishes, compagnie qu’on a pu voir dans le cadre du concours Danse élargie et au Théâtre des Abbesses, en septembre dernier. Un autre bénéficiaire est Dickson Mbi, danseur londonien qu’on avait vu en 2012 au Théâtre National de Chaillot dans The Rodin Project de Russell Maliphant.
Ensuite, le Seoul Dance Center accompagnera sur une année trois chorégraphes coréens émergents pour leur permettre d’entrer dans la vie professionnelle. En même temps, un chorégraphe coréen participe au programme d’échanges internationaux, une résidence de recherche collective, qui se déroule cette année à Hambourg.
Position indépendante
« C’est mon avantage de ne pas avoir fait des études en danse », dit Choi. « Cela me garantit une indépendance dans notre paysage chorégraphique, où les professeurs de faculté veulent conserver leur pouvoir. » Choi a fait des études en théâtre à l’Université nationale des arts et est devenu producteur à l’Opéra national, avant de prendre la direction du Centre d’art de Hongeun, devenu le Seoul Dance Center. Il est aujourd’hui salarié par la Seoul Foundation for Arts and Culture, entièrement financée par a municipalité, qui gère une quinzaine de structures culturelles dans la capitale sud-coréenne.
Le point faible du centre est son emplacement en marge de la capitale (à Séoul les temps de transport se comptent en heures), mais surtout les dimensions modestes du seul studio équipé de gradins (pour une jauge d’une petite trentaine de personnes). Pour le festival d’ouverture, le 8 et 9 avril, Choi a tout de même réussi à y faire entrer le double, pour voir Sun-A Lee présenter une nouvelle version de son solo Trollitude et une ébauche d’une nouvelle pièce, B(l)ack and White, accompagnée live par le musicien expérimental Remi Klemensiewicz. Mais on a aussi pu profiter des espaces en extérieur et voir Dickson Mbi maîtriser le lion coréen, entouré d’un beau corps de ballet.
Thomas Hahn (envoyé spécial à Séoul)
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