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Anne Teresa de Keersmaeker au Centre Pompidou
L’ambiance est au happening, à la rencontre immédiate entre les interprètes et le public. Du matin au soir, heure par heure, les interprètes changent. Danseurs et musiciens donnent à voir et à entendre leur part de la partition de Vortex Temporum, création de De Keersmaeker sur la musique de Gérard Grisey. Au sol, ils dessinent à la craie les lignes en forme de cercles ou de spirales, comme dans la version originale de la pièce. Mais les danseurs sont ici habillés de blanc, au lieu du noir de la version scène.
Work/Travail/Arbeid se déploie sur l’énorme carré de la Galerie Sud du Centre Pompidou. Sommes-nous alors dans une exposition? La configuration efface la mobilité du spectateur. C’est pourtant elle qui fait l’une des différences entre un spectacle en salle et la visite d’une exposition. Ici, l’œuvre est mobile, le public s’assoit au sol. Il trouve naturellement sa place, assis autour de l’aire de jeu, assez clairement définie.
Tout est inversé. L’œuvre est mobile, mais pour le spectateur, la liberté des pas est restreinte. Le billet est valable une seule fois, et toute sortie est définitive. On reste donc assis, sans bouger, souvent pendant plusieurs heures. La visite devient un acte de contemplation, presque spirituel. On peut aussi se parler, à voix basse et prendre des photos.
Et même si deux danseurs dansent en même temps, ils ne dansent pas forcément ensemble. Dans l’étendue de l’espace unique, cela laisse énormément d’espace vide, que certains spectateurs finissent par s’approprier, à commencer par les enfants. Ces tentatives d’entrer en contact avec les interprètes relativisent la pureté absolue, atteinte au cours de Work/Travail/Arbeid.
Thomas Hahn
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