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« Pavement » de Kyle Abraham

La presse new-yorkaise en frissonne encore. Pavement avait cassé la baraque à sa création. Il faut dire que Kyle Abraham est la nouvelle coqueluche de la critique outre-atlantique. Ancien danseur de la compagnie Bill T. Jones/Arnie Zane, il développe un style à la fois puissant et délicat.

Pour Pavement, inspiré du long-métrage de John Singleton Boyz'n the hood, il a fusionné la gestuelle hip-hop à son vocabulaire, issu d'une formation à la fois académique et contemporaine. Un panier de basket, des caisses à boissons à cour et jardin et un liseré rouge au sol figurent la banlieue dans laquelle le chorégraphe a grandi, tandis que la bande-son décoche ses coups de feu entre une partition de Bach et un morceau de Sam Cooke.

Les corps sont éloquents dans leurs élans, leurs chutes, leur immobilité. Quand un danseur blanc arrête un danseur noir et le couche par terre, nul n'a besoin d'explication, mais quand le geste devient motif, il désagrège l'image pour qu'une nouvelle naisse. Six corps électriques, entre le « release » des post-modern et les accents hip-hop se propulsent, s'élèvent, se désarticulent dans des trajectoires impeccablement réglées qui rappellent aussi l'écriture de Cunningham.

Le fil de la pièce a tendance à se distendre, alternant de magnifiques moments, notamment un splendide solo de Kyle Abraham et d'autres, plus fragiles, ou plus faciles. Évidemment, l'allusion manque parfois de nuance, mais le système fonctionne et l'énergie brute de la danse emporte l'adhésion du spectateur. Il faut dire que Kyle Abraham maîtrise parfaitement son sujet et les ressorts d'une dramaturgie efficace.

Gallia Valette-Pilenko

26 novembre à la Maison de la danse, Lyon

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