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Bangarra dance theatre : « Spirit »
Bangarra est une troupe australienne composée uniquement d’Aborigènes et d’indigènes des îles du Détroit de Torres. Dirigée par Stephen Page ils ont fêté leur 25e anniversaire en 2014. Par chance, ils ont fait un détour par l’Ambassade d’Australie à Paris après une tournée qui les a menés jusqu’en Turquie.
S’ils revendiquent dans leurs chorégraphies leurs 40 000 ans d’histoire et de culture, leur langage est néanmoins très contemporain avec leurs qualités arrêtées, leurs sauts vertigineux, leur gestuelle au sol, même si la vocalité typiquement aborigène ne compte pas pour peu dans leur spectacle. D’ailleurs les musiques de David Page et Steve Francis font appel aux sons traditionnels mais littéralement enchâssés dans une composition électronique des plus actuelles.
Photos © Greg Barrett
Découpé en sept séquences, Spirit propose différentes suites chorégraphiques plus virtuoses les unes que les autres. Ils nous font pénétrer dans une atmosphère quasi-rituelle, empreinte d’une magie mystérieuse, où l’on devine de secrètes correspondances. De leur danse émane le souffle de grands espaces, surgissent d’étranges mouvements que l’on imagine volontiers inspirés d’impulsions tout animales, dans leur façon de marcher, ou plutôt d’arpenter le plateau marquant de frappes de pied impressionnantes un territoire rêvé. Les danseurs sont époustouflants. Fluides et très rapides, ils se lancent dans des vrilles hallucinantes, avec une énergie ahurissante.
Photos © Greg Barrett
Les femmes ne sont pas en reste dans la puissance de leur danse, sans doute plus organique, plus « matiérée » que celle de leurs homologues masculins. Ce sont plutôt elles qui portent la gestuelle au sol, mais aussi l’expressivité des visages alliée à des roucoulades d’oiselles.
Profondément spirituelle, la chorégraphie semble nous entraîner dans un cycle de métamorphoses. Car en regardant Bangarra, le temps n’a soudain plus de prise et semble se dissoudre en un éternel recommencement.
Bangarra signifie en Wirraayjuurray (un langage aborigène) « les allumeurs de feu »… Un nom bien trouvé !
Agnès Izrine
Le 22 septembre 2015 Ambassade d'Australie à Paris
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