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« Iceberg » de Léandre au festival Mimos

Il est des spectacles, pleins de détails fascinants et pourtant insaisissables quant à l'intérêt général. Iceberg est de ceux-là, avec un Léandre, clown et mime madrilène au sommet de son art (mais surtout en salle comme dans son solo Rien à dire, également présenté à Mimos 2015) et sa partenaire Mireia Miracle, actrice gestuelle et poétesse aux allures de ballerine. Les deux composent un duo poético-burlesque riche de ses oppositions physionomiques, corporelles et stylistiques.

Galerie photo : Thomas Hahn

Léandre est un artiste à l'imaginaire riche, et s'est mis à rêver d'une situation assez irréelle: « Un iceberg dans ta rue, grand, imposant. Comme une île, comme le dernier refuge, comme l'expression du vide, de la solitude, de l'essence. »

Léandre voit grand, alors qu'il travaille le détail avant tout. Aussi, l'aventure à deux sur le plateau blanc  manque d'un fil conducteur capable de relier l'idée de départ aux sketches écrits par les deux et à la situation en milieu urbain. Il manque à ces « Yétis, clowns, cavernicoles, naufragés... » une alchimie porteuse, une véritable aventure à raconter.

Galerie photo : Thomas Hahn

Entre l'intimité vécue et l'étendue suggérée, Iceberg perd le nord. La tentative de métaphore part du mauvais pied car ce cube blanc et cotonneux reste trop petit pour jeter le couple dans une vraie solitude. En même temps, il est bien trop énorme pour qu'on partage leurs confidences.

Galerie photo : Thomas Hahn

Un spectacle de clown a besoin de proximité. Une image de derniers ou premiers hommes exige une respiration plus atmosphérique. Dans la rue, même sur un iceberg, on n'est finalement jamais tellement seul. Les images qui en résultent sont belles. Mais comment atteindre l'essence de l'existence ?

Photos : Léandre

Alors, que faire de cet objet spectaculaire et de ses deux habitants ? Sur un plateau, dans une salle ou autre hangar on perdrait l'essentiel, le contact avec le ciel. Les images officielles fournies par la compagnie les soulignent bien, montrant le couple, seuls sous le vaste bleu. En passant à la réalité d’une représentation, seule une version nocturne pourrait (peut-être) résoudre les contradictions internes de cette création toute fraîche.

Thomas Hahn

www.leandre.es

www.mimos.fr

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