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Entretien avec Antonio Najarro, directeur du Ballet National d'Espagne

Du 12 au 28 juin, le Ballet National d’Espagne donne en Première mondiale à Madrid Alento & Zaguán , l’occasion de rencontrer son jeune directeur Antonio Najarro…

Danser Canal Historique :  Quelle a été votre formation ?

Antonio Najarro : J’ai étudié la danse espagnole au Conservatoire royal de danse Marienma à Madrid où j’ai obtenu mon diplôme avec mention « excellent ». J’ai ensuite complété ma formation en Espagne avec les plus grands noms de la danse espagnole, tels que Alberto Lorca, José Antonio Ruiz, Marienma, etc.

DCH :  Pourquoi avez-vous choisi la carrière de danseur ?

Antonio Najarro : Toute ma famille est originaire d’Espagne, plus précisément de Málaga. C’est en regardant  mes proches danser lors de ferias dans le sud de l’Espagne que j’ai eu envie de devenir danseur. J’aimais écouter le rythme des guitares et les instruments de percussion.   

DCH :  Comment êtes-vous devenu chorégraphe ? 

Antonio Najarro : L’univers de la chorégraphie m’a toujours attiré depuis que je suis très jeune. Je chorégraphiais d’ailleurs tout en étant danseur. Je suis de nature plutôt inquiète. J’aime exprimer, à travers le mouvement, mes états d’âme et mes sentiments. 

DCH :  Avez-vous été surpris d’être nommé si jeune directeur du Ballet National d’Espagne ? 

Antonio Najarro : Au départ, je n’y croyais pas. Petit à petit, lorsque la date de la nomination s’est approchée et que tout semblait aller en ma faveur, je me suis fait à l’idée mais au départ, je n’avais pas vraiment d’espoir. 

DCH :  Qu’avez-vous ressenti ?

Antonio Najarro : À la fois de la joie et de la tristesse parce que je devais quitter la compagnie Antonio Najarro que j’avais créée neuf ans auparavant et qui tournait dans le monde entier. Nous étions devenus comme une grande famille.

DCH :  Quelles différences voyez-vous  entre diriger le Ballet national d’Espagne et sa propre compagnie ?

Antonio Najarro : C’est très différent. Le Ballet national d’Espagne est une grosse structure qui dépend d’une institution publique l’INAEM (Institut national des arts scéniques et de la musique) . Lorsque nous partons en tournée nous sommes 70. J’ai comme mission de diffuser la nouvelle création, la danse espagnole traditionnelle et de faire vivre le répertoire de la compagnie. Ma compagnie était une compagnie d’auteur. Je signais toutes les chorégraphies et j’avais développé un style propre et une façon bien à moi de représenter la danse classique espagnole.  La compagnie était bien sûr plus petite, nous étions 28 artistes.  

DCH :  Quels sont vos objectifs pour le Ballet national d’Espagne ?

Antonio Najarro : Pour le moment, et après la première très applaudie de Alento y Zaguán, continuer à amener la danse espagnole au plus haut niveau dans le monde entier. Je souhaite également que l’on connaisse et reconnaisse le Ballet national d’Espagne partout dans le monde.  

DCH :  Comment définiriez-vous la danse espagnole ?

Antonio Najarro : La danse espagnole est une des danses les plus riches au monde, avec des styles très différents : le boléro, la danse espagnole stylisée, le folklore et le flamenco. La danse espagnole est une des représentations artistiques les plus importantes de notre pays. Je considère qu’elle symbolise  l’Espagne comme peu d’autres formes d’expression artistique peuvent le faire.

DCH :  En quoi la danse espagnole se différentie-t-elle du flamenco ?

Antonio Najarro : Il n’y a aucune différence entre la danse espagnole et le flamenco. Le flamenco est une des quatre variantes de la danse espagnole.  

DCH : Pensez-vous avoir développé un style chorégraphique propre au Ballet national d’Espagne ?

Antonio Najarro : Je pense être parvenu à présenter les différents styles de la danse espagnole grâce aux danseurs du Ballet national d’Espagne qui interprètent les ballets du répertoire et de nouvelles créations. Je suis très fier du niveau technique et artistique actuel du Ballet national d’Espagne.

DCH :  Qu’est-ce qui vous a amené à chorégraphier pour le patinage artistique aux Jeux Olympiques ou pour le monde de la mode ?

Antonio Najarro : Je suis un chorégraphe très ouvert. J’adore diffuser la danse espagnole à travers différentes formes d’expressions artistiques ou d’activités sportives. C’est en tous les cas ce que je fais depuis que j’ai commencé à chorégraphier. Je considère que tout contribue à tranmettre et à enrichir l’expansion de la danse espagnole, pour autant que la qualité soit au rendez-vous.
Dans le cas du patinage artistique, ce sont les patineurs eux-mêmes, champions olympiques, qui m’ont demandé de chorégraphier leurs programmes. L’objectif était de faire en sorte qu’ils soient perçus comme de véritables danseurs sur la glace, avec à la clé plusieurs médailles d’or aux Jeux Olympiques.
Le monde de la mode m’a toujours passionné et j’ai toujours accordé beaucoup d’importance aux costumes de mes spectacles de danse. Associer la danse et la mode me semble très positif pour la danse espagnole.   

DCH :  Continuez-vous à danser ?

Antonio Najarro : Pour l’instant, je ne danse plus car je me consacre entièrement à la direction du Ballet national d’Espagne. Si je dansais, je ne pourrais pas accorder suffisamment  de temps à la direction du Ballet. C’est une grande responsabilité de diriger la compagnie de danse espagnole la plus importante de notre pays. C’est pourquoi je ne danserai plus tant que je dirigerai cette compagnie.

DCH : Quel a été votre premier contact avec la société Harlequin ?

Antonio Najarro : Lorsqu’ils m’ont décerné le prix du meilleur chorégraphe en 2009.

DCH :   Depuis votre arrivée le Ballet national d’Espagne a connu des changements importants, notamment la rénovation des sols de danse. Pourriez-vous nous expliquer la raison de ce changement de plancher ?

Antonio Najarro : Le type de travail que nous effectuons en danse espagnole est très complexe, nous utilisons différents types de chaussures et sollicitons des muscles très différents. Notre pratiquons autant le ballet classique que le flamenco et utilisons même des demi-pointes. Aussi, avions-nous besoin d’un plancher qui soit souple, mais pas trop, et qui produise un bon son pour le taconeado. Un sol trop dur ou trop souple peut être très dangereux, quel que soit le type de danse que nous pratiquons.

DCH : La prévention des lésions et la santé des danseurs sont-ils prioritaires pour vous ?

Antonio Najarro : Bien sûr. Depuis que je dirige le Ballet national d’Espagne, je suis très exigeant sur la qualité technique et artistique des danseurs, ce qui augmente le risque de lésions. C’est pour cela que je me dois de travailler au maximum à la prévention des lésions. 

DCH : Pourquoi avez-vous décidé de travailler avec Harlequin ?

Antonio Najarro : Pour la qualité de leurs sols et surtout pour leur grande expérience au niveau international.

DCH :  Vous avez opté pour le plancher de danse Harlequin Liberty peint en noir. La raison de ce choix ?

Antonio Najarro : Ce type de plancher nous permet de pratiquer la danse classique dans les meilleures conditions  et en même temps de pratiquer le zapateado sur un sol qui n’est ni trop dur ni trop souple. La peinture noire, nous l’utilisons pour que le sol ressemble le plus possible à celui que nous utilisons sur scène

DCH : Avez-vous constaté une baisse des lésions chez les danseurs ? 

Antonio Najarro : Oui, les lésions ont diminué, principalement au niveau de la surcharge musculaire qui peut  être à l’origine de futures lésions.

Propos recueillis par Agnès Izrine

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