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Soirée spéciale Carolyn Carlson à June Events

Carolyn Carlson proposait dans cette soirée la recréation de Density 21.5 et création de Burning en point d'orgue du festival June Events, précédées de Poetry Class Event « An artist in motion », brillante démonstration du style Carlson et de ses processus de création.

"Poetry Class Event « An artist in motion »" photos Laurent Philippe.

Density 21.5, solo historique de Carolyn Carlson et aujourd'hui interprété par Isida Micani, passe tel un souffle, porté par la flûte de Timon Nicolas sur la partition d’Edgar Varèse. Le vent de l'instrument semble jouer avec le pantalon diaphane d'Isida Micani, mais le corps de l'interprète, plutôt tellurique et d'une densité nettement supérieure à celui de Carlson, résiste. Ce costume presque immatériel ne semble pas être fait pour elle. Si la transmission d'un solo passe forcément par un décalage, celui-ci peut se révéler être plus ou moins intéressant.

"Density 21.5," photos Laurent Philippe

Ici, il l'est bien moins que celui qu'on avait pu observer lors du transfert de Blue Lady vers Tero Saarinen. La danse de Micani suggère un envol dans une légèreté qui n'advient pas, alors qu'on attendrait justement quelque chose de cet ordre, d'autant plus qu'on avait vu, juste avant,dans Poetry Class Event « An artist in motion », à quel point Carlson elle-même incarne, aujourd'hui encore, cet état d'apesanteur poétique.

"Density 21.5," photos Laurent Philippe

Et même si on s'excuse de ces stéréotypes, il est impossible de ne pas constater que fragilité et présence aérienne font défaut à Isida. Qui d'autre pour les incarner, si ce n'est Carlson elle-même, ou bien une personnalité artistique qui incarnerait en même temps le fantasme éthérique de la ballerine ?

"Density 21.5," photos Laurent Philippe

Si Micani ne manque pas de personnalité, et elle le prouve bien dans les créations de la Compagnie Carolyn Carlson, elle représente un type de danseuse assez différent. Aussi, elle est ici obligée de voiler celle qu'elle est vraiment. Il aurait été plus passionnant de découvrir ce solo réinterprété par sa créatrice, et donc marqué par le passage du temps. De voir la mémoire d'un envol réussi, plutôt que sa tentative au présent.

Brûlant Burning

Burning, la création de Carlson pour Won Myeong Won, souligne toute la différence. Ce danseur coréen déjanté est passé par les compagnies de Wim Vandekeybus et Marie Chouinard, ce qui veut dire que ses gammes chorégraphiques incluent des  registres d'expressivité tout à fait opposés.

"Burning" photos Laurent Philippe

À ce danseur tellurique, puissant et déjanté, il fallait offrir un solo tout aussi fou et imprévisible. Carlson l'a fait. Jusqu'au bout. L'expressivité, l'énergie et l'athlétisme de cet acteur-danseur prennent le public d'assaut. Il y a dans son personnage l'état brut de l'homme préhistorique et l'authenticité de l'homme moderne d'avant l'industrialisation.

"Burning" photos Laurent Philippe

En agité permanent, le lutin embrasé veut s'arracher les oreilles, la bouche, la tête. Il brûle du papier, il brûle des calories, il brûle d'énergie. Il rentre, la tête la première, dans le baril penché qui marque son espace de vie. Mais qui brûle trop, risque de foncer dans le mur. À la lisière du cabotinage, Won a, heureusement, la sagesse de se contenter d'impressionner. Avec ses mouvements explosifs, il semble sortir d'un conte de fées.

"Burning" photos Laurent Philippe

C'est dans l'ardeur de son mystère qu'il traverse et rencontre la partition de Meredith Monk. Chuchotements, sons gutturaux et bruits de bouche évoquent parfois un univers shakespearien. "C'est vrai que nous avons pensé au Roi Lear", confirme Carlson. Monk pratiquait donc à sa façon ce que le hip hop appelle human beat box. Et Won a le tempérament d'un B-Boy. Cette création recréant l'esprit des 80's le fait avec un pied bien présent dans l'ici et maintenant. 

Thomas Hahn

Soirée événement au festival June Events

le 18 juin 2015, Théâtre du Soleil

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